L’ancien Président du Botswana, Ian Khama, sous le coup d’un mandat d’arrêt, est revenu pour la première depuis trois ans dans son pays ce 13 septembre 2024, un retour-surprise à l’approche des élections générales prévues en octobre prochain.
Ian Khama, qui s’était exilé en Afrique du Sud voisin en novembre 2021, a fait une apparition surprise devant un tribunal de Gaborone qui l’a inculpé en avril 2022 de plusieurs infractions, dont la possession illégale d’armes à feu, pour réclamer d’être maintenu en liberté avant son procès, ce que le juge lui a accordé.
M. Khama a indiqué à des journalistes être rentré au Botswana par la route depuis l’Afrique du Sud, « en conduisant (lui)-même ». Son avocat Unoda Back a précisé que M. Khama s’était rendu au tribunal dès son arrivée dans le pays. « Nous avons été pris par surprise », a constaté le procureur Ambrose Mubika, même si, a-t-il précisé, l’avocat de M. Khama l’avait informé la veille au soir que son client se présenterait vendredi 13 septembre 2024 devant le tribunal.
L’ancien président a quitté le tribunal, emmené par ses gardes du corps, sous les cris de ses partisans scandant « le général est de retour », référence à son passé de chef d’état-major des Forces Armées botswanaises. M. Khama avait transmis en 2018 la présidence à son vice-président Mokgweetsi Masisi, membre comme lui du Parti démocratique du Botswana (BDP), au pouvoir depuis l’indépendance en 1966, en démissionnant 18 mois avant la fin de son second mandat pour respecter la Constitution limitant à dix ans la durée d’exercice des Chefs d’Etat.
Les relations entre les deux hommes s’étaient ensuite dégradées jusqu’à ce que M. Khama déclare publiquement la guerre à son successeur l’année suivante, indiquant avoir « fait une erreur » en le choisissant comme dauphin et claquant la porte du BDP, cofondé par son père Seretse Khama, premier Président du Botswana. Dans une interview à l’AFP en mars 2023, M. Khama avait accusé depuis l’Afrique du Sud son successeur de dérive autoritaire, et indiqué vouloir rentrer au Botswana afin de former une coalition pour battre M. Masisi aux élections du 30 octobre 2024.
Ancienne colonie britannique, le Botswana riche en diamants, est considéré comme une démocratie stable et exemplaire, organisant des élections jugées généralement libres et régulières.
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