Paris (© 2019 Afriquinfos)- En fin juin dernier, les quinze membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), se sont mis d’accord pour l’adoption à l’horizon 2020 d’une monnaie unique – l’eco – qui sonnerait le glas du franc CFA dans cette région.
Abordant le sujet jeudi dernier à l’issue d’un débat à l’Elysée avec 400 représentants des diasporas africaines de France, le président français M. Macron a laissé entendre que le sujet délicat de l’avenir du franc CFA pouvait être discuté « de manière apaisée » et « sans tabou ».
« C’est un sujet qu’on doit pouvoir ouvrir et qu’on a décidé d’ouvrir ensemble avec nos partenaires africains, de manière apaisée, sans culte du symbole, sans tabou ni totem », a-t-il déclaré alors que les pays d’Afrique de l’Ouest ont confirmé leur intention de se doter d’une monnaie commune.
Le président ghanéen M. Akufo-Addo dont le pays est membre de la Cedeao qui était en visite officielle à Paris et qui participait aussi à la réunion a l’Elysée, a de son côté a souligné qu’ « il y a des défis dans ce projet mais je pense que c’est un modèle. Le développement de l’Europe a eu un impact énorme sur le niveau de vie des Européens et l’un des piliers essentiels de ce projet a été la monnaie unique ».
« Je suis attaché à ce qu’il y ait un succès pour l’intégration régionale de la Cédéao », a souligné le président français à l’intention de son homologue ghanéen, le président ghanéen Nana Akufo-Addo en visite officielle à Paris et qui prenait également part à la rencontre.
Pour le patron de l’Elysée, le franc CFA « a une utilité ». « On doit garder la part de stabilité que ça apporte mais on doit permettre à toute la région de s’intégrer pleinement dans un espace monétaire intégré ».
A l’heure actuelle, huit pays de la Cédéao utilisent le franc CFA, tandis que les sept autres manient autant de devises qui ne sont pas convertibles entre elles.
Etabli en 1945, une quinzaine d’année avant l’indépendance des colonies françaises, la valeur du franc CFA est aujourd’hui indexée sur l’euro (1 euro = 655,96 francs CFA) ce qui maintient les économies africaines dans la dépendance de la politique monétaire européenne, une situation régulièrement taxée de « néo-colonialisme ».
Les Etats africains doivent par ailleurs déposer 50% de leurs réserves en France. En contrepartie, leur convertibilité illimitée avec l’euro leur donne une crédibilité internationale.
Xavier-Gilles CARDOZZO avec AFP