Kinshasa (© 2025 Afriquinfos)- Le décès de François a suscité lundi une forte émotion chez les Congolais, très attachés à ce pape proche des pauvres et qui, lors de sa visite dans le pays en 2023, avait fustigé le « colonialisme économique« .
La CENCO a appelé à faire sonner les cloches ce lundi 21 avril en République démocratique du Congo, en hommage au pape François mort à 88 ans. Le ciel était pluvieux et l’émotion vive dans le plus grand pays catholique d’Afrique, où le souverain pontife est considéré comme une « voix pour les sans-voix ».
À Kinshasa, la capitale du pays, les fidèles sont venus rendre hommage au pape tout au long de la journée, dans les églises et à la cathédrale.
Le Chef de l’État congolais Félix Tshisekedi a rendu un hommage solennel à la mémoire de ce « grand » serviteur de Dieu, dont la vie a été un témoignage vibrant de foi, d’humilité et d’engagement indéfectible pour la paix, la justice et la dignité humaine.
« Le Pape François, pasteur universel, a marqué le monde par sa simplicité, sa proximité avec les plus vulnérables et son appel incessant à la fraternité entre les peuples. Jusqu’à ses derniers instants, il a porté haut les valeurs évangéliques, invitant l’humanité à bâtir un monde de concorde et de solidarité« , a dit Félix Tshisekedi dans un communiqué rendu public par sa cellule de communication.
Jusqu’à ses derniers instants, a rappelé Félix Tshisekedi, il a porté haut les valeurs évangéliques, invitant l’humanité à bâtir un monde de concorde et de solidarité. À l’en croire, ses prières ferventes, notamment lors de ses messages Urbi et Orbi, ont toujours porté une attention spéciale à la République Démocratique du Congo, invoquant la paix et la réconciliation pour notre nation.
« Les Congolais, en particulier, garderont un souvenir impérissable de l’héritage spirituel du Pape François. Ses prières ferventes, notamment lors de ses messages Urbi et Orbi, ont toujours porté une attention spéciale à la République Démocratique du Congo, invoquant la paix et la réconciliation pour notre nation’’, a en outre indiqué le dirigeant.
Sa visite apostolique à Kinshasa, du 31 janvier au 3 février 2023, demeure un moment historique, empreint d’espérance et de communion. À cette occasion, son cri prophétique, ‘’Retirez vos mains de l’Afrique, retirez vos mains de la RDC’’, a retenti comme un appel puissant à la justice et à la souveraineté, gravé à jamais dans la mémoire collective du peuple congolais », a ajouté Tshisekedi.
En République démocratique du Congo, le souverain pontife laisse le souvenir d’un engagement sans faille pour la paix, la justice sociale et la dignité humaine. Sa visite apostolique à Kinshasa en janvier 2023 reste l’un des moments les plus forts de son pontificat en Afrique.
Devant les autorités congolaises, la société civile et le corps diplomatique réunis au Palais de la Nation, François avait tenu un discours d’une rare intensité, fustigeant les injustices historiques et actuelles subies par la RDC. « Retirez vos mains de la République Démocratique du Congo, retirez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser », avait-il lancé, dans une charge inédite contre le néocolonialisme économique.
François avait célébré une messe en plein air qui, selon les autorités, a rassemblé plus d’un million de fidèles dans la mégalopole d’environ 17 millions d’habitants.
Pays de quelque cent millions d’habitants, la République démocratique du Congo compte, selon les estimations, environ 40 % de catholiques (49 % selon le Vatican).
Ce pays riche en ressources naturelles est aussi l’un des plus pauvres au monde, et ses régions orientales sont en proie à des conflits armés qui durent depuis plus de trente ans.
La catastrophe humanitaire, au fil de plusieurs décennies de violences, est souvent tombée dans un oubli dénoncé par les organisations de défense des droits humains.
Les prises de position du souverain pontife pour la paix, contre la corruption et l’exploitation des richesses minières par des pays étrangers en République démocratique du Congo ont donc trouvé un fort écho au sein d’une population fatiguée de la guerre.
Le pape était « la voix des sans-voix« , il a attiré l’attention du monde sur les « souffrances oubliées » en République démocratique du Congo et ailleurs, estime l’abbé Camille Esika, recteur de la cathédrale de Kinshasa.
Sa mort est « une grande perte, non seulement pour l’Église catholique mais surtout pour les pauvres du monde entier« , ajoute-t-il.
V.A.