La glorieuse épopée des Amazones en Afrique fossilisée dans un film à voir et à revoir

Afriquinfos Editeur
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Cotonou (© 2022 Afriquinfos)- La première du film «The Woman King» (la Femme reine), une vision hollywoodienne des Amazones qui se sont battues contre les troupes coloniales françaises, il y a plus d’un siècle, est en train de conquérir le cœur de nombreux cinéphiles  en Afrique, malgré les critiques suscitées par la distribution et les lieux de tournage. Le film avec Viola Davis a été projeté en avant-première ce 17 septembre 2022 dans une salle de cinéma de Cotonou, au Bénin.

Le film dépeint la vie réelle des guerrières du royaume du Dahomey au XIXe siècle. L’actrice américaine Viola Davis joue Nanisca, une guerrière chevronnée qui forme la prochaine génération de recrues chargée de lutter contre un royaume rival plus important et des marchands d’esclaves européens. L’action se déroule en 1823 au Dahomey, le Bénin actuel, en Afrique de l’Ouest.

Ce film est pour « la petite fille que j’étais lorsque j’avais six ans« , a déclaré la charismatique actrice américaine lors de l’avant-première au festival de Toronto le 10 septembre dernier. « Pour la petite fille qui a été traumatisée, pour celle à qui on a dit qu’elle était laide, pour la petite fille qu’on ne voyait pas, et qui a été insensibilisée« , a-t-elle ajouté. « Viola je te vois« , a lancé l’actrice. « Je vois toutes les petites filles couleur chocolat comme toi« .

La jeune Nawi, incarnée par la comédienne Thuso Mbedu, est une orpheline élevée par un oncle cupide. Elle décide alors de rejoindre le régiment des Agodjiés (« Agoodjiés ») ou « Minons ». A leur tête, la générale Nanisca (Viola Davis). Soumises à un rude entraînement et marginalisées par la société, ces soldates sont formées pour protéger le roi Guezo, interprété par le Britannique John Boyega, et défendre le royaume. Notamment contre les marchands d’esclaves portugais.

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Le film au budget de 100 millions de dollars était projeté à Cotonou, la capitale économique du Bénin, le même jour que sa sortie en salles aux Etats-Unis.  » C’est une fierté pour tous les Béninois d’avoir un film qui a été tourné spécialement à l’effigie des amazones. Et pas n’importe quel film, c’est un film hollywoodien et c’est un film qui vient du plus grand pays de production de films, j’ai nommé les Etats-Unis. Franchement, c’est une grande fierté pour moi et c’est vraiment une fierté de le voir avant la majorité des Béninois. Franchement, je suis tout excité, je bouillonne.« , explique Aureliot Lainé, une habitante de Cotonou.

« De voir et d’entendre le Danhomey, de voir un peu comment cela nous rapporte à nos racines, à notre histoire. Avec la statue de l’amazone, avec Bio Guéra à l’aéroport (un grand guerrier qui a lutté contre les colons français), tout nous ramène à nos racines. À partir de maintenant, cela devrait nous amener nous-même à produire quelque chose comme ça. On l’a vu la dernière fois avec un film purement tourné au Bénin, peut-être qu’on va rêver qu’on ait un film amazone qui sorte de notre industrie et là, ce sera la victoire de l’identité culturelle« , explique la journaliste Finafa Gandonou.

Projeté en première mondiale au Festival de Toronto (TIFF), au Canada, ‘The Woman King’ a obtenu une note supérieure à 90% sur le site Rotten Tomatoes. De quoi rassurer certains Béninois, qui en découvrant les premières images du film, ont émis des réserves.

Ainsi « The Woman King » – avec une réalisatrice Afro-américaine, Gina Prince-Bythewood, et un casting majoritairement noir et féminin – se veut être « un cadeau », explique Viola Davis.

Toutefois, la bande-annonce de ‘The Woman King’ diffusée début juillet, avait suscité des réactions mitigées. Si certains étaient fiers du chef-d’œuvre, d’autres ont dénoncé « une appropriation culturelle« , selon les explications du journaliste béninois Maurice Thantan. Un jeune cinéaste béninois, Sèdo Tossou, a regretté « l’absence d’acteurs béninois au casting« .

Sur les réseaux sociaux, ce dernier plaide pour « l’authenticité » et dénonce un film « qui utilise notre histoire mais n’implique aucun Béninois dans la production« . « Pourtant les Afro-Américains ont l’habitude de se plaindre d’appropriation culturelle« .

V. A.