La France pas mêlée aux violences en cours au Tchad, l’UA encourage des discussions franches inter-tchadiennes

Afriquinfos Editeur
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N’Djamena (© 2022 Afriquinfos)- l’Elysée réfute toute implication face aux violences survenues au Tchad dans la matinée de ce jeudi 20 octobre 2022, et condamne d’ailleurs l’utilisation d’armes létales contre les manifestants.  

’La France ne joue aucun rôle dans ces événements, qui relèvent strictement de la politique intérieure du Tchad. Les fausses informations sur une prétendue implication de la France n’ont aucun fondement. Le ministère français des Affaires étrangères a fait état « d’utilisation d’armes létales contre les manifestants » a souligné le Quai d’Orsay dans un communiqué.

Autre condamnation, celle de l’Union Africaine. “Je condamne fermement la répression des manifestations ayant entrainé mort d’hommes au Tchad” a écrit le président de la commission de l’UA dans un tweet, à la suite des manifestations au Tchad.

J’appelle les parties au respect des vies humaines et des biens et à privilégier les voies pacifiques pour surmonter la crise” a  conclu le Tchadien Moussa Faki Mahamat dans son message.

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Les Nations unies ont également déploré les violences lors des manifestations et demandé une enquête. ‘’ Les autorités de transition doivent garantir la sécurité et la protection des droits de l’homme, y compris la liberté d’expression et de réunion pacifique’’, a souligné sur Twitter le Haut-Commissariat des droits de l’homme de l’ONU.

Au Tchad, plusieurs affrontements meurtriers ont eu lieu ce jeudi entre la police et les manifestants. Ces derniers dénoncent la prolongation de la transition. Les violences ont fait, « une cinquantaine de morts » et « plus de trois cents blessés » à travers le pays, « surtout à N’Djamena, Moundou et Koumra », a déclaré le premier ministre, Saleh Kebzaboh.

Des pneus ont été brûlés, des barricades ont été érigées, puis de violents heurts ont été signalés dans plusieurs arrondissements de Ndjamena. La police a tiré des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour tenter de disperser les différents rassemblements à travers la capitale. Le gouvernement affirme que les forces de l’ordre n’ont fait que riposter et se défendre.

La police a été déployée, mais aussi l’armée. Et des tirs à balles réelles se sont fait entendre de façon sporadique. Dans le neuvième arrondissement, en plus des forces de l’ordre, des hommes en civil à bord de voitures teintées ont été aperçus tirant sur des manifestants.

L’heure à la recherche des corps. Les blessés sont acheminés dans les centres de santé qui restent sous très haute surveillance.

Un couvre-feu-décrété

Le chef du gouvernement a annoncé la « suspension de toute activité » d’importants groupes d’opposition et un couvre-feu de « 18 heures à 6 heures », qui durera jusqu’au « rétablissement total de l’ordre ». M. Kebzaboh a en outre prévenu que le gouvernement « fera régner l’ordre sur l’ensemble du territoire et ne tolérera plus aucune dérive d’où qu’elles viennent ».

Ces affrontements se déroulent après la prolongation pour deux ans de la « transition » qui devait s’achever ce jeudi. Mais fin septembre, Mahamat Idriss Déby a finalement été maintenu à la tête de l’État jusqu’à des élections libres et démocratiques, censées se tenir à l’issue d’une deuxième période de transition et auxquelles il pourra se présenter.

Ce maintien, à l’issue d’un Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) boycotté par une grande partie de l’opposition, a achevé de braquer les oppositions politiques et armées. Il embarrasse aussi la communauté internationale qui avait pourtant adoubé Mahamat Idriss Déby il y a un an et demi.

Plusieurs partis politiques et coalitions de la société civile ont appelé à des manifestations le 20 octobre au Tchad pour protester contre la prolongation de la période de transition à deux ans.

Sur les réseaux sociaux, Succès Masra, leader de l’opposition et président du parti Les Transformateurs, a invité, mercredi, les opposants à sortir massivement jeudi dans toutes les rues de la capitale et sur l’ensemble du territoire national, pour réclamer le « gouvernement du peuple ».

Hier mercredi, par voie de communiqué, le gouvernement de Transition du Tchad avait annoncé que « la manifestation publique, prévue pour le 20 octobre par certaines organisations, est formellement interdite pour non-respect des dispositions légales liées aux marches pacifiques« .

Le gouvernement a indiqué que, selon les informations en sa possession, « cette marche vise à créer une insurrection populaire et armée avec l’appui des forces extérieures afin de déstabiliser » le pays.

Il a affirmé que « plus de 1500 jeunes ont été entraînés et formés dans le but de faire des casses ciblées contre certains édifices publics et des personnalités« .

Le chef d’opposition tchadienne a également annoncé qu’il dévoilerait, jeudi, un gouvernement parallèle pour conduire la transition au Tchad.

Vignikpo Akpéné