La croissance en Afrique en 2025 analysée par l’AFD et comparée à celle de l’Asie

Afriquinfos Editeur
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Publication de L'Économie africaine 2025 par l'Agence française de développement (DR-AFD)

Paris (© 2025 Afriquinfos)- Selon l’AFD (Agence française de développement), des études menées par des institutions financières de la planète révèlent que le continent devrait connaître une progression de son PIB (Produit intérieur brut) de plus de 4 % en 2025. Une croissance proche de celle de l’Asie. L’institution française a fait cette annonce ce jeudi 23 janvier, lors de la présentation à Paris de ses tendances pour le continent africain.

‘’Les perspectives de croissance sont plutôt bonnes en Afrique en 2025, assure Thomas Melonio, chef économiste et directeur exécutif de l’innovation, de la stratégie et de la recherche de l’Agence française de développement (AFD). Nos prévisions, comme celles du FMI, de la Banque mondiale ou de la Banque africaine de développement (BAD) tablent sur une progression supérieure à 4 %’’.

Première économie du continent, l’Afrique du Sud a, en grande partie, résolu ses problèmes d’électricité. La Côte d’Ivoire, le Bénin et le Rwanda poursuivront leur diversification dans les services, a mis en lumière l’AFD.

‘’On observe dans certains pays une situation favorable pour les ressources, avec, par exemple, le début ou l’accélération de l’exploitation des hydrocarbures, au Sénégal, au Niger ; le cours élevé de certaines matières premières, comme le cacao, l’or, mais aussi le cuivre, très important pour la RDC ou la Zambie. C’est une situation conjoncturellement favorable, qui ne dure pas nécessairement, mais en 2025, c’est bien orienté.’’, a en outre affirmé l’économiste.

La dette restera cependant un gros point de vigilance, alerte Thomas Melonio, à cause de son coût : ‘’ Les taux sont élevés, souvent 7, 8, 9, parfois 10%. Ça fait des emprunts qui sont vraiment coûteux. Et certains bailleurs, notamment la Chine, qui avaient été très présents au milieu des années 2010, le sont un petit peu moins aujourd’hui. Et donc les nouvelles sources de financement sont vraiment un point de vigilance. Les allègements de dette obtenus par le Ghana, l’Ethiopie, la Zambie ou le Tchad permettront néanmoins à ces pays de respirer en 2025. 

Depuis son origine, l’ouvrage s’attache à mesurer l’importance des défis et des évolutions positives du continent dans une approche « Tout Afrique », pour rendre compte de toutes les dynamiques africaines.  Cette sixième édition dresse un état des lieux du continent africain à travers 6 chapitres dédiés aux thématiques suivantes : Les grandes tendances macroéconomiques de l’Afrique, l’ntelligence artificielle et développement : enjeux et opportunités pour l’Afrique, a renaissance de la recherche en Afrique : de la dépendance à l’intégration internationale, Quelle place pour l’Afrique subsaharienne dans le monde ?

‘’Quand la géopolitique et la technologie s’invitent à la table de l’analyse macroéconomique : c’est le thème de cette sixième édition qui analyse, chaque année, l’Afrique dans la bascule du monde. Cette édition vise à offrir une nouvelle fois un décryptage, souvent surprenant et à la portée de tous, des grands défis du continent, en s’éloignant des idées reçues’’, indique Rémy Rioux, directeur général du groupe Agence française de développement.

De nombreux défis

Au-delà de la dette, le continent affiche une relativement bonne résilience, mais fait face à de nombreux défis : inflation, tarissement des aides traditionnelles des bailleurs de fonds

Malgré des défis structurels et des chocs successifs, les économies africaines ont fait preuve de résilience depuis la pandémie de Covid-19. Cependant, ces crises ont freiné les progrès économiques et sociaux. La croissance, bien qu’élevée, reste insuffisante face à la démographie et n’a pas permis une transformation structurelle notable. Les marges budgétaires des États africains demeurent faibles, malgré une reprise des recettes, en raison des lourdes charges liées à la dette. Les ressources nationales ne suffisent pas à financer le développement durable, rendant indispensable l’appui du système financier international.

L’intelligence artificielle peut-elle devenir un moteur de développement pour l’Afrique, ou au contraire, constituer un frein à son indépendance ? Les perspectives sont prometteuses dans des domaines comme la santé et l’éducation, mais le continent doit relever le défi de l’utilisation des langues africaines dans le numérique. En effet, l’efficacité de l’IA repose sur la qualité des données, et les langues africaines sont encore trop peu présentes, pour les IA dominantes

En Afrique, la recherche est sous-financée, sa production limitée et tournée vers le développement. Les travaux de recherche correspondent à un besoin des sociétés mais c’est une activité qui reste marginalisée, notamment la recherche fondamentale. Les financements et partenariats internationaux structurent cette recherche ainsi que les carrières des chercheurs, qui pour une large partie en dépendent.

Trajectoires démocratiques africaines : tensions, pratiques de résilience et nouvel agenda. L’analyse des trajectoires démocratiques des grandes régions du continent africain montre que le recul démocratique global y est loin d’être une fatalité. Le chapitre détaille des pratiques citoyennes éprouvées, mais aussi des expérimentations démocratiques à une maille territoriale plus locale, sur des défis contemporains : accès aux services publics, transparence, changement climatique, relation au vivant, désinformation etc.

Après le quasi-monopole économique et géopolitique des acteurs occidentaux de la Guerre froide, le tournant du siècle voit l’émergence de nouveaux acteurs dans le Sud du Sahara, notamment asiatiques, moyen-orientaux et latino-américains, avec la Chine en tête, redéfinissant les dynamiques économiques et diplomatiques. Depuis 2015, cette diversification s’accompagne de crises économiques, démocratiques et sécuritaires, tandis que les rivalités géopolitiques globales, comme le retour de la Russie, accentuent les déséquilibres internes de la région.

Les conflits armés en Afrique et le développement, état des réflexions et enjeux. L’Afrique est-elle le continent des conflits ? Quel bilan peut-on tirer des nombreuses et multiformes opérations qui s’y sont déroulés ? Ce chapitre répondra à ces questions tout en interrogeant le lien communément admis entre développement et sécurité.

 ‘’Au fil des pages, les autrices et auteurs de cette œuvre collective contribuent à faire émerger un regard nouveau sur les mutations à l’œuvre sur le continent, au plus près des territoires, des projets et des acteurs qui les portent. Alors que l’Afrique démontre une résilience face aux chocs externes, les besoins d’investissement restent considérables. Cette nouvelle édition réaffirme l’importance d’une transformation structurelle alignée sur les objectifs climatiques et sociaux, portée par des coalitions d’acteurs déterminés à bâtir un avenir durable pour le continent’’, ajoute Sandra Kassab, directrice du département Afrique de l’Agence française de développement.

Vignikpo Akpéné