La clé de la solution du conflit en cours en RDC est en Afrique (A. Guterres)

Afriquinfos Editeur
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(De gauche à droite) Le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres, le président de la Commission de l'Union Africaine, Moussa Faki, et le président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, assistent à la réunion du Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union Africaine (UA) à Addis-Abeba, le 14 février 2025.

« Il faut éviter à tout prix une escalade régionale » dans le conflit qui ravage l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a affirmé ce 15 février 2025 le Secrétaire Général de l’ONU Antonio Guterres à l’ouverture du 38è Sommet de l’Union Africaine (UA), alors que des combattants du M23 alliés à des troupes rwandaises sont entrés la veille dans Bukavu.

Dans l’est de la RDC, le groupe armé M23 (« Mouvement du 23 mars ») soutenu par le Rwanda a pris fin janvier 2025 le contrôle de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, avant de progresser dans la région voisine du Sud-Kivu. Les récents affrontements dans cette région, secouée par des violences depuis trente ans, ont fait au moins 2.900 morts, selon l’ONU. Vendredi 14 février, le M23 et les troupes rwandaises ont pris le contrôle de l’aéroport de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, site stratégique, où étaient positionnées les Forces armées congolaises. Puis, selon des sources sécuritaire et humanitaire, une avant-garde a pénétré dans la ville par ses quartiers nord-ouest.

La chute imminente de Bukavu, déjà tombée en 2004 aux mains de soldats dissidents de l’Armée congolaise, donnerait au M23 et aux troupes rwandaises le contrôle total du Lac Kivu, qui s’étire le long de la frontière rwandaise. En face, l’Armée congolaise est notamment soutenue par des troupes sud-africaines et burundaises. Des tirs sporadiques résonnent encore à Bukavu dans la matinée de ce 15 février, selon des journalistes de l’AFP. Les habitants restent majoritairement terrés chez eux. Les rues sont quasi désertes, il n’y a pas de circulation. Des pillages survenus au cours de la nuit ont été signalés.

« La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC doivent être respectées », a exhorté le chef de l’ONU, lors de l’ouverture du Sommet annuel de l’Union Africaine (UA) à Addis Abeba. « La violation en cours de l’intégrité territoriale de la RDC ne restera pas sans réponse », a affirmé ce 15 février 2025 un porte-parole de l’UE pour les Affaires étrangères, Anouar El Anouni, tout en blâmant des « forces du M23, soutenues par le Rwanda ». « L’UE examine en urgence toutes les options à sa disposition », a-t-il poursuivi.

Pour M. Guterres, interrogé par l’AFP lors d’une conférence de presse, « la clé de la solution du problème » en RDC est en Afrique. Ce 15 février, Paris a de son côté appelé à l’arrêt « immédiat » de l’offensive du M23 sur Bukavu et demandé « le retrait sans délai » des Forces rwandaises soutenant ce groupe armé.

Environ 4.000 militaires rwandais interviennent dans l’est de la RDC, selon l’ONU. Ce conflit fait planer le risque d’une guerre régionale, plusieurs des voisins de la RDC, immense pays de l’Afrique centrale, ayant une présence militaire sur le sol congolais.

– Lettres mortes –

Depuis la récente intensification du conflit, et alors que Kinshasa réclame en vain des sanctions internationales contre Kigali, les appels de la communauté internationale à une désescalade et à un cessez-le-feu se sont multipliés, notamment de la part des dirigeants d’Afrique de l’Est. Mais ils sont restés lettres mortes. Félix Tshisekedi n’a pas pris part à une réunion du Conseil paix et sécurité de l’UA vendredi 14 février, et était à une Conférence sur la sécurité (organisée à Munich-Allemagne-), d’où il a dénoncé les « velléités expansionnistes » du Rwanda, et appelé à le « mettre à l’index ».

Il était initialement annoncé présent au Sommet des Chefs d’Etats ce week-end, mais y a finalement renoncé. L’UA a été critiqué dans certaines de ses positions, jugées trop timorées et favorables à Kigali. Certains communiqués du président sortant de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, s’ils appelaient à la fin des combats, ne mentionnaient pas le Rwanda.

© Afriquinfos & Agence France-Presse