Kivu: Situation humanitaire toujours chaotique à Goma, eau courante coupée dans une partie de la ville, aéroport fermé

Afriquinfos Editeur
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Carte globale du Kivu (AFP).

Après s’être emparés au terme d’une offensive éclair fin janvier 2025 de la grande ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, le M23 et les troupes rwandaises ont progressé dans le Sud-Kivu, également frontalier du Rwanda. Des émissaires de religieux congolais ont discuté ce 12 février 2025 à Goma avec le leader de la branche politique du M23, l’AFC (Alliance du Fleuve Congo), Corneille Y. Nangaa, ex-président de la Commission électorale entre 2015 et 2021.

La peur d’une prochaine attaque s’est déjà emparée de Bukavu, cité d’un million d’habitants. Les écoles ont fermé vendredi 07 février 2025. Ce 11 février, les banques sont restées closes. Près de 300 soldats congolais sont actuellement jugés devant un Tribunal militaire de la ville, notamment pour viols, meurtres et pillages.

Le port de Goma, sur le lac Kivu, où les résidents cherchent à embarquer pour évacuer la ville, le 27 mai 2021.

La prise de Bukavu, qui était déjà tombée aux mains de soldats dissidents de l’Armée congolaise en 2004, donnerait le contrôle total du lac Kivu au M23 et aux troupes rwandaises. Mais avant Bukavu, la menace pèse sur l’aéroport de Kavumu, point stratégique utilisé par l’Armée congolaise pour acheminer hommes et matériel dans la région. Sa principale base militaire est située non loin.

A Goma, la situation humanitaire s’aggrave. L’aéroport est toujours fermé malgré l’appel de l’ONU la semaine dernière à permettre le transport de blessés et de l’aide humanitaire. L’eau courante est coupée dans une partie de la ville. Sans autre solution, des habitants s’approvisionnent dans l’eau du lac Kivu, où des corps ont été repêchés après les combats. Selon l’OCHA (Bureau des Affaires humanitaires de l’ONU), une augmentation de cas de choléra a été observée dans la région, notamment parmi les populations déplacées par les violences.

La crise dans l’est de la RDC doit être abordée lors d’une réunion de l’Union Africaine à Addis Abeba vendredi 14 février. Depuis la récente intensification du conflit, les appels de la communauté internationale à une désescalade se sont multipliés, avec la crainte que le conflit ne dégénère en guerre régionale.

Le patron de l’ONU Antonio Guterres dans le Nord-Kivu le 1er septembre 2019.

Jusqu’à présent, les initiatives diplomatiques pour régler le conflit qui dure depuis plus de trois ans n’ont rien donné. Kinshasa réclame des « sanctions ciblées » contre le Rwanda. Dans l’est de la RDC, les conflits et les rébellions s’enchaînent depuis plus de trente ans. Kinshasa accuse Kigali de vouloir y piller les nombreuses richesses naturelles, dont le tantale et l’étain utilisés dans les batteries et les équipements électroniques, ou l’or.

Le Rwanda dément, et affirme que sa sécurité est menacée par certains groupes armés de la région, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), créées par d’anciens responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda.

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