Kivu: L’UA, l’ONU, l’UE impuissantes devant les agresseurs ou devant l’activisme de Kigali?

Afriquinfos Editeur
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Des soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) en pick-up dans une rue de Bukavu, le 14 février 2025.

La situation humanitaire dans l’est de la RDC est « très précaire », s’est alarmée samedi 15 février 2025 auprès de l’AFP la Première ministre congolaise Judith Suminwa Tuluka. Tandis que le Secrétaire Général de l’ONU a exhorté à « respecter » la « souveraineté et l’intégrité territoriales de la RDC », l’Union européenne a dit examiner « en urgence » toutes les options.

« La violation en cours de l’intégrité territoriale de la RDC ne restera pas sans réponse », a affirmé samedi sur X un porte-parole de l’UE pour les Affaires étrangères, Anouar El Anouni, tout en blâmant des « forces du M23, soutenues par le Rwanda ». « L’UE examine en urgence toutes les options à sa disposition », a-t-il poursuivi. Pour M. Guterres, interrogé par l’AFP lors d’une conférence de presse, « la clé de la solution du problème » en RDC est en Afrique.

Carte de l’est de la République démocratique du Congo schématisant la progression du M23 en direction de Bukavu, capitale du Sud-Kivu, au 14 février 2025.

Paris a de son côté appelé samedi 15 février à l’arrêt « immédiat » de l’offensive du M23 sur Bukavu et demandé « le retrait sans délai » des Forces rwandaises soutenant ce groupe armé. « J’ai échangé avec le Président Tshisekedi sur la situation très préoccupante dans le Sud Kivu », a réagi le Président Emmanuel Macron dans la soirée sur X. Evoquant la nécessité d’un cessez-le-feu, le retrait du M23 de Bukavu et de l’aéroport de Kavumu, pour « permettre les vols civils et humanitaires sans entraves ». « J’appelle le Rwanda à soutenir la mise en œuvre de ces mesures d’urgence », a-t-il ajouté.

Environ 4.000 militaires rwandais interviennent dans l’est de la RDC, selon l’ONU. Ce conflit fait planer le risque d’une guerre régionale, plusieurs des voisins de la RDC, immense pays de l’Afrique centrale, ayant une présence militaire sur le sol congolais. Depuis la récente intensification du conflit, et alors que Kinshasa réclame en vain des sanctions internationales contre Kigali, les appels de la communauté internationale à une désescalade et à un cessez-le-feu se sont multipliés, notamment de la part des dirigeants d’Afrique de l’est. Mais ils sont restés lettres mortes.

Félix Tshisekedi n’a pas pris part à une réunion du Conseil Paix et Sécurité de l’UA vendredi 14 février et était à une Conférence sur la sécurité, organisée à Munich (Allemagne), d’où il a dénoncé les « velléités expansionnistes » du Rwanda et appelé à le « mettre à l’index ». Il était initialement annoncé présent au Sommet des chefs d’Etats ce week-end, mais y a finalement renoncé.

L’UA a été critiquée dans certaines de ses positions, jugées trop timorées et favorables à Kigali. Certains communiqués du président sortant de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, s’ils appelaient à la fin des combats, ne mentionnaient pas le Rwanda.

– Diplomate de carrière – 

Samedi 16 février, le ministre des Affaires étrangères djiboutien Mahmoud Ali Youssouf, a été élu à la tête de la Commission de l’UA pour un mandat de 4 ans. Le diplomate de carrière, âgé de 59 ans, a notamment battu le vétéran de l’opposition kényane Raila Odinga, 80 ans (qui faisait figure de favori), en réunissant les 33 voix requises pour son élection. Le poste était réservé à un représentant de l’Afrique de l’Est.

Le Président angolais João Lourenço, très impliqué depuis plusieurs années dans les tentatives de médiation entre RDC et Rwanda, a pris samedi, à la suite du chef de l’Etat mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, la présidence tournante de l’UA pour un mandat de 12 mois.

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