La colère est encore montée ce 17 juin 2025 au Kenya après que neuf personnes ont été blessées à Nairobi lors d’affrontements entre des manifestants dénonçant les violences policières, les forces de l’ordre et des centaines de « voyous » à moto armés de fouets et de bâtons qui s’en sont pris aux protestataires.
– « Battus » –
« Ils nous ont coincés et nous ont battus avec des fouets. La Police se contentait de les regarder faire », s’est émue Hanifa Adan, l’une des principales voix des manifestations de 2024. Des journalistes de l’AFP ont vu les forces de l’ordre protéger ces hommes armés face à des manifestants qui ont été dans un premier temps pacifiques avant de répondre en jetant des pierres, puis en mettant le feu à au moins deux motos.
Josephine Michael, qui gère une clinique près du lieu des manifestations, a indiqué avoir soigné sept personnes, dont l’homme avec une « blessure par balle à la tête », et que ce dernier était parti vivant de son établissement. « Il était dans un état critique. Mais il respirait encore », a confirmé à l’AFP Vincent Ochieng, de la Croix-Rouge kényane, après son transfert vers un autre hôpital. Des journalistes de l’AFP ont par ailleurs vu deux autres blessés.
« Nous devenons un pays sans loi, » a commenté, dépité, Ndungi Githuku, du groupe de défense des droits civiques Kongamano La Mapinduzi. Il s’est dit « choqué de voir les politiciens au Kenya, dirigés par le Président, compter sur des voyous pour parvenir à leurs fins avec des fouets ». Une accusation régulièrement entendue depuis un an, alors que l’intervention de « voyous » a été documentée à plusieurs reprises pour encadrer ou réprimer des événements publics.
En juillet dernier, au plus fort des manifestations anti-gouvernementales, les militants avaient accusé les autorités d’avoir recours à ces éléments violents pour discréditer leur mouvement. En mars 2025, les « voyous » ont vraisemblablement dépassé leurs prérogatives, selon la presse kényane, lorsqu’ils se sont mis à dépouiller scrupuleusement passants et magasins lors d’un déplacement du Chef de l’Etat William Ruto dans Nairobi.
Ces derniers mois, Rigathi Gachagua, ancien Vice-président de M. Ruto, devenu l’un de ses plus grands contempteurs, a affirmé à plusieurs reprises que celui-ci payait des « voyous » contre la jeunesse kényane. L’un d’eux, tenant un bâton à proximité de policiers, a confirmé anonymement à l’AFP qu’il avait été recruté par des « leaders communautaires » et qu’on lui avait promis 1.000 shillings kényans (6,7 euros) en échange de sa présence ce 17 juin pour « protéger les commerces ».
« Je ne savais pas que cela tournerait comme ça », a-t-il poursuivi, assurant n’être là que pour « prendre l’argent », dans un contexte économique difficile au Kenya… également dénoncé par les manifestants.
© Afriquinfos & Agence France-Presse