Trois policiers sont poursuivis pour meurtre après la mort en cellule d’un homme qui avait critiqué la Police ce mois de juin 2025, a annoncé la justice kényane ce 23 juin dans cette affaire qui a indigné et provoqué des manifestations, violemment réprimées.
Albert Ojwang, 31 ans, avait été arrêté pour avoir publié sur les réseaux sociaux des messages accusant de corruption un cadre policier. Illégalement emmené à Nairobi, à des centaines de kilomètres de son domicile, sa mort avait initialement été présentée comme un suicide par la Police. Plusieurs légistes avaient ensuite invalidé cette thèse. La Police a depuis annoncé la suspension de cinq policiers, et des petites manifestations organisées à Nairobi et dans d’autres villes contre les violences policières ont elles-mêmes été réprimées avec violences.

Des journalistes de l’AFP avaient notamment vu le 17 juin dans la capitale kényane un policier tirer à bout portant vers la tête d’un civil, qu’il avait laissé pour mort, à terre, dans une mare de sang. La Commission des droits humains kényanes (LNCHR) avait dénombré 22 personnes blessées par la Police et des « voyous » armés (nervis) visiblement chargés de dissuader les protestataires.
Dans l’affaire Ojwang, le parquet kényan a annoncé ce 23 juin 2025 avoir « approuvé des poursuites pour meurtre contre six individus », dont trois policiers, parmi lesquels le chef du poste de police concerné, dans un communiqué publié sur X. Le numéro 2 de la Police au Kenya, mis en cause par Ojwang dans ses publications et qui avait été à l’origine de l’enquête contre lui, ne fait toutefois pas partie des accusés dont le nom est mentionné par le parquet.
Quelques jours après les faits, le responsable policier avait annoncé se « mettre en retrait » de son poste alors que débutait l’enquête dans cette affaire. Le décès d’Albert Ojwang, un professeur et jeune père de famille, intervient un an après la sanglante répression du mouvement de contestation de juin 2024, durant lequel les Forces de sécurité sont accusées par les ONG d’avoir tué au moins 60 personnes alors qu’environ 80 autres ont disparu, selon des organisations de défense des droits humains.
D’après l’Autorité indépendante de surveillance de la Police kényane, 18 personnes sont mortes en détention ces quatre derniers mois.
© Afriquinfos & Agence France-Presse