Justice: Le pouvoir ougandais fait boire jusqu’à la lie le calice à son opposant Kizza Besigye

Afriquinfos Editeur
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Kizza Besigye (c), figure de l'opposition ougandaise, dans la cage des accusés au Tribunal militaire de Makindye à Kampala, le 20 novembre 2024 en Ouganda.

Un Tribunal ougandais a refusé ce 23 mai 2025 d’examiner la libération sous caution de Kizza Besigye, prolongeant la détention de l’un des principaux leaders de l’opposition de ce pays d’Afrique de l’Est, poursuivi pour trahison, un crime passible de la peine de mort.

M. Besigye, 69 ans, ancien médecin personnel du Président ougandais Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, est dans le collimateur du Gouvernement de Kampala depuis son ralliement à l’opposition il y a 25 ans. Enlevé en novembre 2024 lors d’un déplacement au Kenya, il était réapparu en Ouganda où il avait d’abord été traduit devant une Cour martiale pour trahison, passible de la peine capitale dans ce pays, avant que son dossier ne soit transféré à un tribunal civil en février 2025.

Devant une salle d’audience comble, la magistrate Esther Nyadoi avait insisté pour examiner les conclusions de l’accusation au lieu de statuer sur la libération sous caution des suspects, obligatoire après six mois placés en détention. En signe de protestation, les avocats et les sympathisants de M. Besigye et de son coaccusé Obeid Lutale ont quitté le tribunal.

« Je soulève la question de l’absence de représentation légale dans cette affaire. Votre Honneur, c’est une affaire où nos vies sont en jeu », a protesté M. Besigye en agitant la main pour calmer ses partisans qui avaient entonné « We shall overcome one (Nous vaincrons) » et « Free Besigye (libérez Besigye) », tandis que les agents de sécurité du tribunal les sommaient de s’arrêter.

L’audience a été levée et sa détention a été prolongée au moins jusqu’à la prochaine comparution le 29 mai. Le Parlement ougandais a voté plus tôt cette semaine un amendement permettant à des tribunaux militaires de juger des civils, une disposition que la Cour suprême avait invalidée dans l’affaire Besigye, entraînant le transfert de son dossier au civil.

L’opposant ougandais Kizza Besigye le 13 juillet 2016 à Kampala.

Le ministre des Affaires étrangères kényan Musalia Mudavadi a confirmé mercredi 21 mai 2025 lors d’une interview télévisée la « coopération » du pays d’Afrique de l’Est dans l’enlèvement de l’opposant, une sortie vivement critiquée. Dans une interview accordée à l’AFP jeudi, il a déclaré que l’Ouganda était le plus grand marché d’exportation du Kenya et que Nairobi ne voulait pas être perçu comme « alimentant ou antagonisant » ses voisins, mais s’est défendu d’être ministre dans un « Etat voyou ».

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