Le Caire (© 2025 Afriquinfos)- Les autorités éthiopiennes ont annoncé l’achèvement des travaux du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) et son inauguration pour le mois de septembre. Une annonce qui n’a pas été bien accueillie du côté des pays situés en aval, comme l’Égypte et le Soudan, qui craignent qu’il n’affecte leur approvisionnement en eau. Le Caire a, à nouveau exprimé son rejet de mégaprojet et dénoncé une violation du droit international.
A Addis-Abeba on se veut rassurant après que le Premier Ministre Abiy Ahmed ait annoncé la fin des travaux et l’inauguration prochaine du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD). « À nos voisins en aval, l’Égypte et le Soudan, notre message est clair : le barrage de la Renaissance n’est pas une menace, mais une opportunité partagée…L’énergie et le développement que cela générera ne profiteront pas seulement à l’Éthiopie », a déclaré Abiy Ahmed devant le Parlement éthiopien.
Au Caire, l’ambiance est tout autre. En réaction à l’annonce éthiopienne, le ministre égyptien des Ressources en eau, Hani Sewilam, a exprimé le ferme rejet de l’Égypte de l’imposition répétée par l’Éthiopie de mesures unilatérales liées au Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) et au Nil. « L’Éthiopie a pris ces mesures sans accord contraignant avec les pays en aval et malgré les préoccupations importantes exprimées par l’Égypte et le Soudan », a déclaré Sewilam.
Le GERD, lancé en 2011 avec un budget de 4 milliards de dollars, est considéré comme le plus grand projet hydroélectrique d’Afrique, s’étendant sur 1,8 kilomètre (un peu plus d’un mile) de largeur et 145 mètres (475 pieds) de hauteur. L’Éthiopie a commencé à produire de l’électricité dans le projet, situé dans le nord-ouest du pays, à environ 30 km de la frontière avec le Soudan, en février 2022. À pleine capacité, l’immense barrage peut contenir jusqu’à 74 milliards de mètres cubes d’eau et pourrait générer plus de 5 000 mégawatts d’électricité.
Pour Khartoum et le Caire, ces initiatives d’Addis-Abeba sont des tentatives d’imposer une domination sur l’eau au lieu d’adopter les principes de partenariat et de coopération. Depuis 13 ans en effet, les négociations pour parvenir à un accord juridiquement contraignant sur le remplissage et l’exploitation du barrage, conformément au droit international et aux principes régissant les cours d’eau transnationaux, n’ont pas abouti.
Alors que le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a décrit la sécurité de l’eau comme la seule menace existentielle de l’Égypte, soulignant que le pays ne permettra pas que ses droits historiques sur l’eau du Nil soient compromis, ne s’avance-t-on vers un nouveau conflit dans la région ?
Boniface T.