Haïti: De nouveaux dirigeants intérimaires en place, après la tenue de la 79è AG onusienne

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Passation de pouvoir ce 7 octobre en Haïti l entre Leblanc et Voltaire 7 octobre

Port-Au-Prince (© 2024 Afriquinfos)- En Haïti, une cérémonie de « passation de pouvoir » se déroule ce lundi 7 octobre 2024, dans le cadre de la présidence tournante au sein du Conseil présidentiel de transition (Cpt) composé de 9 membres. L’annonce a été faite par le Bureau de Communication de la Présidence diffusée sur les réseaux sociaux.

La transmission se fait entre le conseiller-président Edgard Leblanc Fils et le conseiller-président Leslie Voltaire, selon ce que précise la note. Cependant Leblanc Fils a déclaré n’avoir signé aucun document visant à fragiliser un peu plus le CPT gangrené par la corruption et appelé les 3 Conseillers-Présidents accusés dans le scandale à la BNC à la démission.

Il précise qu’il a refusé de signer une résolution allant en ce sens, où figurent les signatures de trois autres conseillers épinglés dans un dossier de réception de pots-de-vin par l’Unité de lutte contre la corruption (Ulcc), qui demande la mise en branle de l’action publique contre eux.

Suivant les informations disponibles, les signataires de la « résolution » sont Leslie Voltaire (représentant de Fanmi Lavalas), Fritz Jean (groupe de Montana), Laurent Saint-Cyr (secteur privé), Emmanuel Vertilaire (Pitit Dessalines), Louis Gérald Gilles (21 décembre) et Smith Augustin (Red/Ede). Ces trois derniers sont incriminés dans le rapport de l’Ulcc.

Dans le cadre de la « présidence tournante », actée par une résolution en date du 7 mai 2024, c’est à Smith Augustin que le président sortant avait à passer le maillet.

La résolution du 7 mai 2024, instituant la présidence tournante, stipule qu’ « à défaut de consensus, toutes les grandes décisions du Conseil seront prises par une majorité qualifiée de ses membres, soit cinq sur sept votants… ».

Depuis plusieurs jours, les membres du Cpt sont en réunion pour rechercher une sortie à cette crise, tandis que l’Ulcc a demandé, le mercredi 2 octobre 2024, la mise en mouvement de l’action publique contre Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles, pour abus de fonction, versement de pots-de-vin et corruption passive.

Selon une source du Cpt, les conseillers n’ont pas pu obtenir un consensus sur la mise à l’écart des trois conseillers épinglés. Les échanges avec les parties prenantes n’auraient pas permis de trouver une issue.

Cette position de Leblanc intervient alors qu’une résolution a été signée vendredi dernier par plusieurs conseillers, dont Fritz Alphonse Jean, Leslie Voltaire, Laurent Saint-Cyr, Louis Gérald Gilles, et Smith Augustin, pour permettre à Leslie Voltaire de prendre la tête du CPT dans le cadre de la présidence tournante. Cette démarche semble destinée à maintenir la continuité du pouvoir au sein du Conseil malgré les tensions internes et les accusations de corruption.

La question reste toutefois ouverte : cette passation de pouvoir se déroulera-t-elle avec ou sans la présence d’Edgard Leblanc ? Son refus de signer des documents et de participer aux sessions avec les membres incriminés pourrait, en effet, compliquer le processus et plonger davantage le CPT dans une crise de gouvernance, alors même que le pays fait face à une situation de plus en plus instable.

La société civile et les observateurs politiques s’interrogent désormais sur l’avenir du Conseil Présidentiel, dont la crédibilité semble sérieusement mise à mal. La paralysie qui s’annonce pourrait également affecter la capacité du gouvernement à répondre aux urgences nationales, alors que les violences de gangs s’intensifient, la famine menace la moitié de la population, et les relations diplomatiques avec la République dominicaine se détériorent.

Ces appréhensions font surface alors que la situation générale ne cesse point de se détériorer.

Au moins 70 personnes, dont environ 10 femmes et trois nourrissons, ont été tuées dans l’attaque armée, du jeudi 3 octobre 2024, à Pont Sondé (département de l’Artibonite), indique le Haut-commissariat des Nations unies aux droits humains (Hcdh).

L’attaque a été perpétrée par des membres du gang armé Gran grif de Savien (Petite Rivière de l’Artibonite) contre la localité de Pont Sondé, entre les communes de Saint-Marc et de l’Estère.

Le premier ministre Gary Conille a laissé le pays durant le week-end dernier pour un voyage au Kenya et à Dubai, où il doit être reçu par les plus hautes autorités.

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