La capitale bissau-guinéenne, où un important dispositif de sécurité est déployé depuis mercredi 26 février 2025, est restée calme ce 27 février malgré un appel de l’opposition à la mobilisation du pays à partir de ce jeudi, jour où, selon elle, le mandat du Président Embalo devrait prendre fin, cinq ans après sa prestation de serment.
Les Forces de sécurité restaient en place jeudi sur les voies d’accès dans la capitale et certains ronds-points stratégiques. Des membres de la Garde nationale et de la Police d’intervention rapide, patrouillaient Bissau à bord de véhicules blindés, assistés de la Force de stabilisation de la CEDEAO composée de soldats ouest-africains. Le Président Umaro Sissoco Embalo, qui a annoncé dimanche 23 février des élections présidentielle et législatives pour le 30 novembre prochain, avait prêté serment pour un mandat de cinq ans le 27 février 2020, après un scrutin contesté.

L’opposition, emmenée par l’ex-Premier ministre Domingos Simoes Pereira, considère que le mandat de M. Embalo est arrivé à échéance ce jeudi à 14h50 locales et GMT. A défaut de pouvoir faire descendre ses partisans dans les rues ou de parvenir à « paralyser » le pays, l’Opposition avait appelé jeudi après-midi, via les réseaux sociaux, les transporteurs à klaxonner à 14h50 GMT.
Le mot d’ordre n’a pas été suivi dans la capitale, a constaté un correspondant de l’AFP. Mercredi, l’opposition avait appelé à « la paralysie totale » du pays à partir de jeudi. L’annonce avait été faite par l’ancien Premier ministre Nuno Gomes Nabiam dans un discours au nom de la coalition d’opposition Alliance populaire inclusive. Les attroupements ont été interdits depuis plusieurs semaines par le ministère de l’Intérieur à l’approche de cette journée du 27 février.
Le grand marché de Bandim, dans la capitale, a ouvert jeudi et les taxis circulaient normalement. Une mission de haut niveau de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), arrivée dimanche pour tenter de faire renouer le dialogue politique dans ce pays coutumier des troubles politiques, a rencontré jeudi l’ex-Premier ministre Geraldo Martins, membre de la coalition d’opposition Pai-Terra Ranka.
« Nous les avons informés du non-respect des droits de l’Homme, du non respect du calendrier électoral par le Président. Nous avons eu l’occasion d’exprimer nos préoccupations à propos de la crise politique que traverse le pays », a déclaré M. Martins, à l’issue d’une rencontre de plus de deux heures avec la mission.
En décembre 2023, M. Embalo a dissous le Parlement dominé à l’époque par l’opposition, trois jours après des affrontements armés qu’il a présentés comme une « tentative de coup d’Etat » dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Il avait ensuite fixé au 24 novembre 2024 les législatives anticipées, avant de les reporter sine die par un décret présidentiel, invoquant des difficultés logistiques et financières. Le Président Embalo se trouvait, ces derniers jours, en Russie pour une visite d’Etat et n’est pas encore rentré en Guinée-Bissau.
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