Lomé (© 2025 Afriquinfos)- Pour le commun des mortels, au regard des idéaux qu’ils défendent, notamment le panafricanisme et le souverainisme en Afrique et leurs soutiens affichés aux juntes militaires dans le Sahel, Alain Foka et Nathalie Yamb devraient être les meilleurs amis du monde. On en est bien loin. Les deux personnalités, très présentes sur les réseaux sociaux, ne manquent aucune occasion de se lancer des piques.
De toute évidence, dans la mouvance des panafricanistes, il y a différents courants. C’est ce que l’on peut comprendre des divergences qu’il y a entre l’activiste camerounaise Nathalie Yamb et son compatriote le journaliste Alain Foka. La première, est une fervente défenseure de la souveraineté africaine appelant lors de conférence et via des vidéos et posts sur les réseaux sociaux, les nations africaines à se défaire des ingérences occidentales sur le continent. Il n’est pas rare et c’est même très fréquent de la croiser dans les couloirs des présidences des pays du Sahel où elle ne cache pas son admiration pour les dirigeants de l’AES. Le second, depuis son départ de RFI via sa chaîne AFO et son Groupe MANSSAH s’est fait le chantre du panafricanisme, publiant des vidéos, organisant des conférences et autres pour lui aussi, appeler à la libération de l’Afrique des influences étrangères. Lui aussi, est proche des dirigeants de l’AES.
Paradoxalement, si leur trajectoire peut sembler être les mêmes, la vision n’est pas la même. Pour Nathalie Yamb :« Alain Foka n’a jamais été panafricain ». Elle lui reproche notamment de citer le président de la transition en Guinée, Mamady Doumbouya parmi les dirigeants militaires qui ont eu le courage de changer le système en cours dans les pays depuis le temps de l’esclavage, de la colonisation et de la Françafrique, alors que selon elle, « que Doumbouya (adoubé par Ouattara, jamais dérangé par Paris et Washington) n’a rien changé du tout, n’a mis dehors aucun intérêt français, européen ou américain ». L’activiste camerounaise insiste « Ce monsieur n’a jamais, de toute sa vie, été dans le combat panafricain ou souverainiste. C’est un fait, les écrits, les audios sont là. Et c’est lui qui veut aujourd’hui donner des leçons aux gens comment “penser l’Afrique autrement” ! Il l’a dit lui-même : le peuple a de la mémoire, et cette mémoire ne se limite pas aux faits et méfaits de l’ancienne ”classe politique”, mais également à ceux qui, pendant 32 ans, ont servi le système de la Françafrique, dans les médias et en chuchotant à l’oreille des chefs d’état asservis.
Pour Nathalie Yamb, Alain Foka est au mieux « un businessman sans foi ni loi qui a identifié des possibilités de se remplir les poches en cherchant des marchés dans l’AES. Au pire, c’est un infiltré mis en mission par ses patrons de toujours (32 ans au service de l’outil de propagande numéro un de la Françafrique et du Quai d’Orsay) pour se bâtir une crédibilité dans les cercles souverainistes africains, afin de côtoyer les leaders de l’AES, leur suggérer des politiques bancales (comme celle du changement tordu de constitution qu’il a soufflé à son pote Faure Gnassingbe, qui lui ouvre les portes), et tenir ses patrons au courant de la stratégie et des plans de AG, IB et AT ou même, les influencer ».
Ces mêmes reproches ont été récemment faites à Alain Foka par des activistes et togolais vivant dans la diaspora, au point où l’ancien journaliste de RFI a dû reporter une conférence panafricaine qu’il entendait organiser à Lomé.
Boniface T.