Niamey (© 2024 Afriquinfos)- C’est acté ! Le train de l’Alliance des États du Sahel (AES) est en marche. L’organisation fondée en septembre 2023, réunissant le Burkina Faso, le Mali et le Niger, a tenu son tout premier Sommet présidentiel à Niamey ce 6 juillet 2024. A cette occasion, le capitaine Ibrahim Traoré a tenu des propos improvisés dans lesquels il a évoqué les défis sécuritaires et de développement auxquels font face ces trois pays. Le dirigeant burkinabè n’a pas manqué, comme à son habitude, de fustiger certains dirigeants africains qu’il qualifie d’ «esclaves de salon au service des puissances impérialistes».
Au cours du premier sommet de l’AES à Niamey, les dirigeants du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont mené des discussions portant sur la lutte contre le terrorisme, les échanges économiques, culturels et commerciaux, la consolidation des relations de coopération entre leurs pays. Cette première assise est considérée comme « Une date bénie, une date mémorable » par le Capitaine Ibrahim Traoré qui dans un premier temps à saluer les relations séculaires qui lient les pays membres de l’AES : « Nous avons le même sang qui coule dans nos veines. Dans nos veines coule le sang de ces vaillants guerriers qui ont aidé le monde entier à se débarrasser du nazisme et de beaucoup d’autres fléaux. Dans nos veines coule le sang de ces vaillants guerriers qui ont été déportés d’Afrique vers l’Europe, l’Amérique, l’Asie, et qui ont contribué à construire ces États pendant l’esclavage. Dans nos veines coule le sang d’hommes dignes, d’hommes robustes, d’hommes debout. Et pour cela, soyons-en fiers ! », s’est-il exprimé.
Et de poursuivre sur un de ses sujets de prédilection. La lutte contre l’impérialisme et le néo-colonialisme. « IB » n’a pas été tendre avec certains dirigeants africains qualifiés d’esclaves de salon » qui selon lui, dresse le lit à l’impérialisme. «Ces derniers n’ont d’autres repères que de chercher à vivre comme le maître, à satisfaire le maître et satisfaire tout ce que le maître leur dicte. Ils volent, ils pillent nos États et amènent tout chez le maître.
Et leurs richesses sont conservées chez le maître. Ils font tout pour vivre comme le maître et pour toujours le satisfaire. Lorsque le maître commande, ils exécutent… Ce sont des individus qui n’ont aucune dignité, qui n’ont aucune morale, qui n’ont aucune personnalité. Le maître-esclave a toujours su identifier ces individus. Ils sont toujours prêts à trahir leurs frères pour satisfaire le maître. Ils nous ont trahis depuis l’indépendance, et d’autres continuent jusqu’aujourd’hui de nous trahir au profit de leur maître. Ces individus continuent toujours, contre vents et marées, à piller l’Afrique et à aider le maître à piller l’Afrique. » a martelé Ibrahim Traoré.
Pour le Président de la transition au Burkina Faso, la situation économique des pays du Sahel est imputable au néocolonialisme et cela doit cesser : « Ils se plaisent à le dire chaque année, dans leurs sondages économiques, que le Burkina est le pays le plus pauvre, le Mali est le pays le plus pauvre, le Niger est le pays le plus pauvre. Nous sommes classés parmi les derniers [applaudissements]. Très bien ! Si nous sommes aussi pauvres qu’ils le disent, quand est venu le moment de prendre nos responsabilités, nous avons demandé à ces maîtres de quitter les lieux… Pourquoi ne veulent-ils pas partir ?] Lorsque nous prenons le cas du Niger, depuis plus de 40 ans, certains pays exploitent l’uranium pour produire de l’énergie chez eux.
De Ottawa jusqu’à Paris, les rues sont illuminées. Mais au Niger, c’est l’obscurité qui nous est servie. Lorsque vous partez dans nos États, nos sols sont troués de toutes parts, pour rechercher les métaux précieux tels que l’or. Mais souvent il n’y a même pas la moindre route accessible pour atteindre les zones où ils exploitent l’or, encore moins d’autres services sociaux de base. Voilà pourquoi nous avons décidé de nous révolter et de prendre le destin de nos pays en main », a lancé le capitaine Ibrahim Traoré.
Les tentatives de déstabilisation par le biais de mercenaires, la guerre informationnelle, sont également dénoncées par « IB ». « En plus de ces attaques sur le terrain, les attaques communicationnelles, la manipulation, la désinformation, battent leur plein dans leurs rangs. Mais les peuples du Sahel ont compris et plus jamais on ne pourra les manipuler. Ils savent d’où ils viennent, ils savent ce qu’ils font, et ils savent où ils partent. Nous n’allons plus permettre cela ! Les gens sont éveillés et ils se battent aujourd’hui, pas pour nous-mêmes, mais pour les générations à venir. Cela ne nous fait jamais pleurer ! Nous n’allons pas trembler ! Nous allons nous battre pour notre indépendance réelle, pour notre liberté ! », a martelé le chef de l’État.
Pour joindre l’acte à la parole, les dirigeants de l’AES ont adopté à Niamey un plan de développement visant à transformer la région. Agriculture, éducation, santé, création d’emplois pour les jeunes, la recherche de l’amélioration de conditions de vie des populations et le renforcement de la résilience du Sahel sont les piliers de ce programme.
Boniface T.