Au-delà de son jubilé de diamant, la BAD veut peser autrement dans le développement de l’Afrique

Afriquinfos Editeur
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Abidjan (© 2024 Afriquinfos)- Akinwumi Adesina, l’actuel président de la Banque africaine de Développement (BAD), passe ses derniers mois à la tête de l’institution financière. Cependant le départ de l’ex-ministre nigérian de l’Agriculture ne devra pas freiner la poursuite et l’atteinte de la vision stratégique 2024-2033 que s’est fixée la BAD.

La vision  2024-2033 de la BAD repose sur la conviction que l’Afrique dispose d’un vaste potentiel de transformation sociétale et économique. Pour l’atteindre, la Banque s’est taillée une stratégie et a fait passer son capital de 201 milliards à 318 milliards de dollars. Une augmentation nécessaire pour le maintien de la note triple A de l’institution, sésame pour emprunter sur les marchés financiers à des taux bas.

« La stratégie décennale décrit la manière dont la Banque investira dans le meilleur atout de l’Afrique : ses jeunes hommes et femmes dynamiques. La population africaine, qui connaît la croissance la plus rapide au monde, offre au continent une fenêtre d’opportunité démographique sans précédent », a déclaré M. Adesina.

La nouvelle stratégie articule une vision d’une Afrique prospère, inclusive, résiliente et intégrée, étayée par deux objectifs clés au cours de la prochaine décennie : accélérer la croissance verte inclusive et favoriser des économies prospères et résilientes. En mettant l’accent sur la durabilité, la Banque s’efforcera de trouver un équilibre entre les préoccupations environnementales, l’équité et le progrès économique.

S’appuyant sur la décennie écoulée de mise en œuvre réussie des “High 5”, la Banque qui célèbre ses 60 ans d’existence, ambitionne d’accélérer et d’intensifier ses efforts, en se concentrant sur des projets transformateurs ayant un impact considérable. Pour optimiser les résultats, tout en gérant les risques, la Banque rationalisera son modèle opérationnel pour accroître son agilité et son efficacité. Les cinq grandes priorités opérationnelles de la Banque, énumérées ci-dessous, font partie intégrante de la réalisation de ces objectifs :  

Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie : promouvoir l’accès universel à une énergie moderne et abordable.

Nourrir l’Afrique : assurer la sécurité alimentaire grâce à la transformation de l’agriculture.

Industrialiser l’Afrique : catalyser le secteur manufacturier en tant que moteur essentiel de la création d’emplois.

Intégrer l’Afrique : favoriser l’intégration régionale et les chaînes de valeur pour une économie plus cohérente.

Améliorer la qualité de vie des populations en Afrique : améliorer le niveau de vie, en particulier celui des femmes et des jeunes.

Les principales priorités transversales comprennent la promotion de l’égalité des genres, l’investissement dans les jeunes, la lutte contre le changement climatique et l’investissement dans l’action climatique, le soutien aux États fragiles et la promotion de la bonne gouvernance et de la stabilité économique.

La Banque est consciente du rôle essentiel du secteur privé dans la transformation de l’Afrique. Au cours de la prochaine décennie, elle renforcera sa collaboration avec le secteur privé, donnant la priorité aux investissements dans les entreprises, les chaînes de valeur et les micros, petites et moyennes entreprises, en particulier celles dirigées par des femmes et des jeunes.

La création d’une agence de notation africaine

L’ampleur et l’urgence du défi nécessiteront des ressources plus importantes qu’auparavant. La Banque s’engage à mobiliser des ressources provenant de diverses sources, notamment des recettes intérieures et des financements privés. Elle entend tripler les financements du secteur privé d’ici 2033 tout en renforçant sa capacité de financement grâce à des mécanismes innovants.

En réponse aux appels lancés aux banques multilatérales de développement pour qu’elles maximisent le potentiel de leurs bilans, la Banque poursuivra diverses options pour renforcer sa capacité de financement pendant la durée de la Stratégie décennale. Ces mesures comprennent le capital hybride durable, les transferts de risques et le réacheminement d’une part importante des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international par l’intermédiaire des Banques multilatérales de développement.

La stratégie décrit la manière dont la Banque répondra à l’appel lancé aux banques multilatérales de développement pour qu’elles intensifient d’urgence leurs efforts afin de répondre aux priorités et aux grandes ambitions des pays africains et de relever les défis mondiaux et régionaux qui affectent les populations d’Afrique. Les banques multilatérales de développement sont essentielles pour relever les immenses défis mondiaux et régionaux auxquels le monde est confronté. Elles constituent une source précieuse de financement à faible coût, de connaissances techniques et de conseils politiques pour les pays émergents et en développement. 

La nouvelle stratégie repose sur deux objectifs majeurs : accélérer la croissance verte inclusive et favoriser des économies prospères et résilientes. Pour atteindre ces objectifs, la Banque mise sur plusieurs priorités : éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie moderne et abordable. Assurer la sécurité alimentaire par la transformation de l’agriculture. Améliorer les conditions de vie des femmes et des jeunes et investir dans le capital humain et la durabilité.

L’Afrique des marchés financiers souhaite également s’affranchir. Le conseil des gouverneurs de la BAD a appelé à la création d’une agence de notation africaine. L’objectif est d’instaurer une nouvelle culture d’évaluation qui prend en considération les différentes spécificités des économies africaines. Cela permettra d’économiser plus de 75 milliards de dollars en raison d’une notation « injuste » de la part des agences de notation internationales.

V. A.