Grandes leçons de ‘l’Ibrahim Governance Week-end 2025’ tenu à Marrakech 

Afriquinfos Editeur
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Le milliardaire soudanais Mo Ibrahim lors de son allocution à l'ouverture de l'IGW 2025 (DR, https://x.com/hashtag/mifmarrakech)

Marrakech (© 2025 Afriquinfos)- Les travaux du Forum « Ibrahim Governance Weekend » (IGW 2025), se sont tenus du 1er au 3 juin derniers à Marrakech. D’éminentes personnalités du monde de la politique, de l’économie et de la société civile, y ont notamment débattu du thème du financement du développement de l’Afrique à l’heure où l’aide internationale décline. Au sortir de ces trois jours d’échanges, l’idée la mieux partagée est que l’Afrique reprenne en main son propre développement, sans attendre que d’autres en fixent les règles.

La Fondation Mo Ibrahim a, à nouveau mis le développement de l’Afrique au menu des échanges lors de l’édition 2025 de l’Ibrahim Governance Weekend. Dans un contexte où l’aide internationale se raréfie et les engagements climatiques, insuffisants, le mot d’ordre au sortir de l’IGW 2025 est que « l’Afrique ne peut plus construire son avenir en dépendant des autres, d’autant plus que le continent dispose des leviers nécessaires : fonds de pension, ressources naturelles, fiscalité modernisée, diaspora.  A Marrakech, les différents débats et panels avaient pour finalité, de mettre en lumière le rôle essentiel des ressources de l’Afrique dans l’accélération du développement et la transformation de la position du continent dans la nouvelle économie mondiale.

« L’Afrique ne peut plus être considérée seulement le simple bénéficiaire passif, et reconnaissant, de solutions, elle peut, elle doit, elle entend y contribuer activement. Cela suppose que le continent adopte un regard ambitieux sur ses propres atouts, mais aussi lucide sur ses propres limites, qu’il lui appartient de surmonter. C’est bien ce qui est largement ressorti de ces trois jours très intenses. Avec deux points en particulier : la nécessité d’accélérer l’intégration du continent, en particulier au niveau économique, pour « passer à l’échelle ». Et le fait que faute d’assurer paix, sécurité, justice et gouvernance, il est illusoire d’espérer changer de modèle de développement et attirer les investissements privés » explique Nathalie Delapalme, directrice exécutive de la Fondation Mo Ibrahim. « Ce que nous observons aujourd’hui, c’est un basculement majeur : la volonté farouche du continent, en particulier de sa jeunesse, de mobiliser ses propres forces pour porter un agenda qu’il s’est enfin réapproprié. C’est une révolution silencieuse, une réécriture des règles du jeu, taillée sur mesure pour les réalités contemporaines, et non sur les vestiges du passé » poursuit-elle.

Les participants à l’IGW 2025 ont donc appelé à une révolution du développement en Afrique. Cela passe notamment par la valorisation des ressources naturelles du continent, une réforme des modes de financement du développement, l’instauration d’un environnement institutionnel propice et l’intensification des échanges intra-africains.

La condition de cette émancipation économique est claire : une meilleure gouvernance. « Il est illusoire d’espérer transformer le modèle sans paix, sécurité, justice et intégration économique », estime Nathalie Delapalme. C’est pourquoi la Fondation Mo Ibrahim insiste chaque année sur la nécessité d’exploiter localement les ressources, d’intégrer les chaînes de valeur, et de réduire les pertes fiscales massives liées à l’évasion ou aux contrats défavorables. 

Notons que les échanges  de cette éditions de l’IGW 2025, visent à contribuer à la consolidation d’une position africaine forte en amont de la 4è Conférence internationale sur le financement du développement, prévue du 1er au 3 juillet à Séville (Espagne), et à mettre en exergue la capacité du continent africain à jouer un rôle actif sur ce sujet, et non pas rester un simple bénéficiaire passif.

Boniface T.