Paris (© 2025 Afriquinfos)- La journaliste franco-béninoise Géraldine Faladé est décédée en France, dimanche 16 février à l’âge de 90 ans. La nouvelle a été annoncée par ses proches. Née en 1935, la défunte est originaire de Porto-Novo. Géraldine Faladé a étudié le journalisme à Paris. Autrice de « Turbulentes ! », un livre célébrant les pionnières africaines, elle a été reporter à la Sorafom et à l’Ocora, ancêtres de RFI.
Géraldine Faladé, née en 1935 à Porto Novo, dans l’ancien Dahomey (aujourd’hui Bénin), est issue d’une famille intellectuelle et militante, descendant du roi Béhanzin. Engagée discrètement en faveur de l’indépendance de l’Afrique et des droits des femmes, son père, Maximilen Faladé, était un érudit et fonctionnaire critique de la colonisation, co-fondateur du journal La Voix du Dahomey. Sa sœur, Solange, figure parmi les premières psychanalystes africaines et a dirigé la FEANF (Fédération des étudiants d’Afrique noire en France). Younouss Touadé, le fils de Géraldine, évoque leur héritage : « Il y a toujours eu ce militantisme et cette curiosité intellectuelle en eux. »
Cette curiosité conduit Géraldine à devenir journaliste après avoir étudié au CFJ, une école de journalisme à Paris. Elle écrit d’abord pour La Vie africaine avant de rejoindre la Sorafom, ancêtre de RFI, qui devient en 1962 l’Ocora. Elle couvre des événements majeurs comme les manifestations suite à l’assassinat de Patrice Lumumba en 1961 et le massacre des Algériens à Paris la même année. Son futur mari, le vétérinaire tchadien Mahamat Paul Touadé, se souvient d’elle comme d’une femme luttant pour l’émancipation des femmes.
Déterminée mais discrète, Géraldine s’installe à Ndjamena, où, tout en s’occupant de ses enfants, elle travaille au ministère de l’information sous la présidence de Tombalbaye. Elle reste fidèle à ses convictions et s’oppose à l’injustice. Après le coup d’État de 1975, elle prend la direction du service de presse de la présidence, mais quitte le pays à cause de la guerre civile de 1979.
Dans ses dernières années, Géraldine Faladé partage son temps entre Cotonou et Paris. En 2020, elle publie Turbulentes ! chez Présence Africaine, un livre consacré aux femmes africaines pionnières, visant à inspirer les jeunes générations. « Il est important que la jeunesse sache ce qu’il s’est passé, d’où ça vient », déclare-t-elle. Gardienne de l’héritage féministe africain, Géraldine poursuivait récemment l’écriture d’un deuxième tome de Turbulentes.
L’Ambassade de France au Bénin a rendu hommage à une pionnière du journalisme et de la cause féminine. « Cette grande journaliste béninoise qui avait également la nationalité française, était une militante engagée pour l’émancipation des femmes et témoin des luttes pour l’indépendance africaine », a écrit l’Ambassade de France au Bénin dans une publication ce mercredi 19 février.
Pour l’Ambassade : « son travail, sa détermination et son amour pour l’Afrique continueront d’inspirer les générations futures. Reposez en paix, Madame Faladé, nous ne vous oublierons pas ! ».
V.A.