Gabon: Place à la matérialisation des promesses d’O. Nguema après une présidentielle apaisée

Afriquinfos Editeur
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Le chef de la Transition gabonaise Brice Oligui Nguema (au centre) célèbre sa victoire à l'élection présidentielle à son QG de campagne, le 13 avril 2025 à Libreville (Gabon).

Le général tombeur de la dynastie Bongo, Brice Clotaire Oligui Nguema, a été élu Président du Gabon avec plus de 90% des voix, 19 mois après son coup d’État d’août 2023, selon les résultats provisoires de la présidentielle du 12 avril 2025 annoncés dimanche 13 avril au ministère de l’Intérieur.

Après une journée de samedi caractérisée par une forte affluence dans les bureaux de vote, le calme a régné dimanche dans les rues quasi désertes de la capitale – contrairement aux scrutins de 2016 et 2023 marqués par des tensions et des troubles. Le Président français Emmanuel Macron a félicité par téléphone M. Oligui Nguema pour sa victoire. Il a « salué la tenue de cette élection qui est une étape essentielle vers la fin de la Transition politique au Gabon », selon la Présidence française.

Des partisans du chef de la Transition gabonaise Brice Oligui Nguema célèbrent la victoire de leur candidat à la présidentielle, le 13 avril 2025 à Libreville (Gabon).

– « Changement et espoirs » –

« Ça faisait longtemps que je n’ai pas voté. Mais cette fois-ci, j’ai quand même vu une lueur ou quelque chose qui a fait en sorte que j’aille voter », confie Olivina Migombe, 58 ans, une fidèle catholique rencontrée devant l’église de la paroisse Saint-André. Patrick Essono-Mve, 48 ans, technicien sans emploi, espère qu’il « aura le boulot » avec le Président Oligui. En ville, les rares voix dissidentes rencontrées par l’AFP n’ont pas souhaité s’exprimer.

Chômage, pannes d’électricité, coupures d’eau, routes dégradées, transports publics insuffisants, manque d’écoles, hôpitaux défaillants… les défis sont nombreux, la dette publique élevée (73,3% du PIB en 2024) et les attentes des 2,3 millions d’habitants très fortes après plusieurs décennies de gabegie, pillage et gaspillage du système Bongo. Au Gabon, pays riche en pétrole mais à l’économie exsangue, un tiers des habitants vit en dessous du seuil de pauvreté.

De grandes affiches électorales à l’effigie de celui qui se présente comme « le candidat du peuple » étaient omniprésentes dans l’espace public pendant la brève campagne de 13 jours, largement dominée par le camp Oligui Nguema. Ses opposants, à commencer par Alain-Claude Bilie By Nze, l’accusent, au vu de ses fonctions passées auprès des Bongo, d’incarner la continuité du système et de vouloir confisquer le pouvoir, qu’il avait promis de rendre aux civils.

« Contrairement aux précédents scrutins de 2016 et 2023 marqués par des tensions et des contestations, le climat qui a prévalu durant cette journée électorale s’est révélé remarquablement serein », a estimé le site d’actualité gabonais en ligne ‘Gabon mail infos’. Chose inédite, les médias privés et étrangers ont été autorisés à filmer le dépouillement des votes du 12 avril. Des observateurs internationaux ont mené des constats toute la journée à travers le pays, sans noter d’incident majeur.

Selon Lynda Nzah Bekale, la porte-parole du Réseau des observateurs citoyens (ROC) gabonais, qui rassemble des membres de la Société civile, les élections « se sont vraiment bien passées ». « Il y a eu un bel engouement de la population à aller voter, mais particulièrement, il y avait du calme », a-t-elle assuré dimanche à l’AFP, tout en notant « qu’il y a eu des bureaux où on n’a pas permis aux observateurs d’accéder », des incidents « minoritaires ». Au total, plus de 900.000 électeurs dans ce pays d’Afrique centrale étaient appelés à voter samedi pour la première élection depuis le coup d’État qui a mis fin à 55 ans de la dynastie Bongo.

Selon la nouvelle Constitution, le Président gabonais élu prendra la tête du pays avec des pouvoirs élargis. Le poste de Premier ministre a été supprimé à la faveur de la création d’un poste de Vice-président.

© Afriquinfos & Agence France-Presse