Il en va ainsi tous les vendredis, aux alentours de minuit. A l'angle du Boulevard de l'Uprona et de la rue de la Mission, on se donne rendez-vous dans un bâtiment à un étage tout en couleurs et dont l'enseigne lumineuse annonce, 50 mètres à la ronde, Toxic, une des boîtes de nuit les plus prisées de Bujumbura.
Jeans, décolletés, minijupes, baskets et bijoux chic de rigueur. Ils sont bien souvent jeunes, viennent seuls ou en couple. Les uns sont entrepreneurs, d'autres travaillent dans les télécommunications, un secteur porteur. Il y aussi des étudiants, des expatriés, bref tous ceux qui ne semblent pas pâtir de la crise économique et peuvent débourser comme droit d’entrée 10 000 Fbu, soit l’équivalent de 3400 F CFA. Pour les femmes, comme partout ailleurs en Afrique, l’entrée est gratuite…
Les jeunes sont là pour la fête. La soirée débute généralement par un karaoké. On boit, on rigole entre amis, on pousse quelques chansons au micro, avant d’aller se trémousser sur la piste de danse.
Franck n’a que 16 ans, un âge où il ne devrait pas, selon la législation, être admis en boîte de nuit. Il a, dit-il, « emprunté » la voiture de son père pour épater ses amis. A ses côtés, Marielle, élève dans un établissement de la place, fume avec un malin plaisir. Les potes de Raoul, eux, ont commandé une bouteille de champagne pour, disent-ils, fêter un anniversaire.
Au Toxic, l’argent n’a pas d’odeur. On peut donc régler les consommations en francs burundais, en dollars ou en euros. Sur la piste, on s’éclate au son des derniers tubes africains ou américains. Patrick, une bouteille de bière à la main, semble apprécier l’ambiance. Il rentrera aux aurores à la maison, à l’insu de ses parents : « Je m’arrange avec le veilleur, explique-t-il. A 5 heures du matin, je suis généralement dans ma chambre. Quand mes parents se réveillent à 8h, tout est normal », poursuit-il. Berthille, 18 ans et élève dans un lycée de la capitale dont elle préfère taire le nom, fne fonctionne pas autrement : « J'attends que les parents s'endorment, avant de sortir.» Où trouve-t-elle donc l’argent pour s’offrir les boissons ? « Je m'arrange », lâche-t-elle, énigmatique.
Le Toxic n’est pas, loin s’en faut, le seul rendez-vous torride de la jeunesse dorée de Bujumbura. N'kolomboka, Get Up, Calvados, Havana sont également des hauts-lieux de la vie nocturne, surtout en fin de semaine.
Le dimanche, la petite bourgeoisie va généralement, par groupe et en bande d’amis, au bord du Lac Tanganyika pour se remettre des émotions de la veille. Appareil photo numérique et smartophone recommandés !