Faso: Attaque violente et meurtrière à Barsalogho du 24 aout, un marqueur dans la lutte anti-djihadiste sous IB?

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Vue générale de la ville de Barsalogho, au Burkina Faso, le 29 mai 2024.

Un collectif de proches des victimes du récent massacre de Barsalogho, dans le centre du Burkina Faso, accuse l’Armée d’avoir forcé les habitants à sortir de la ville, les exposant à une attaque d’un groupe jihadiste affilié à Al-Qaïda qui a fait plusieurs dizaines de morts.

Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM pour l’acronyme arabe), affilié aux jihadistes d’Al-Qaïda, a revendiqué cette attaque qui a eu lieu samedi 24 aout 2024, indiquant seulement avoir pris le « contrôle total » du « quartier général des milices burkinabè » à Barsalogho. Le « Collectif Justice pour Barsalogho » (CJB) a assuré dans un communiqué consulté mardi 27 aout par l’AFP que des responsables militaires « ont obligé, à travers des menaces, les populations à participer aux travaux, contre leur gré », pour « creuser un fossé autour de la commune afin de servir de tranchée de combats contre les terroristes », à environ 3 km à l’extérieur de la ville.

Deux vidéos, partagées sur les réseaux sociaux et attribuées par différentes sources au JNIM, montrent les assaillants en tenue militaire en train de tirer à l’arme automatique sur des amas de corps, enchevêtrés au milieu de ce qui ressemble à une tranchée en train d’être creusée. On peut dénombrer sur les images au moins 91 personnes, toutes en habits civils, dont certaines bougent encore, alors qu’elles se font tirer dessus.

Plus tôt dans l’année 2024, le chef de l’Etat au Burkina Faso depuis septembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré, avait demandé aux VDP, les « Volontaires pour la défense de la patrie » (nom donné aux supplétifs civils qui se battent aux côtés de l’Armée), de « mobiliser (les) populations pour creuser des tranchées et vous protéger », en attendant que des machines soient acheminées.

Le Collectif Justice pour Barsalogho réclame que des enquêtes soient menées « afin que toutes les responsabilités soient situées » et demande au Gouvernement « de déclarer les personnes tuées martyrs de la Nation », et « d’accorder le statut de pupille de la Nation » à leurs enfants.

– « Une centaine de corps » –

Aucun bilan humain ni auteur présumé n’ont été communiqués par les autorités du Faso qui ont dépêché depuis dimanche 25 aout quatre ministres et le chef d’Etat-major des Armées à Barsalogho et à Kaya, chef-lieu de la région, où des dizaines de blessés ont été acheminés après l’attaque violente de ce 24 aout 2024. Théophile Naré, évêque de Kaya, a déploré une « tragédie d’une ampleur sans précédent dans notre région, voire même dans le Burkina Faso », depuis le début des « attaques terroristes » il y a près d’une dizaine d’années.

L’Ambassade des Etats-Unis à Ouagadougou a présenté mardi 27 aout ses condoléances aux familles des victimes de ce qu’elle qualifie d' »attentat terroriste ». Un des membres du Collectif Justice pour Barsalogho a déclaré sous couvert d’anonymat, par peur de possibles représailles de l’Armée, avoir participé dimanche à l’inhumation dans des fosses communes de « plus d’une centaine de corps » à Barsalogho.

Il dit également avoir perdu cinq membres de sa famille dans l’attaque précitée. Une source hospitalière à Kaya a rapporté que des instructions ont été données pour interdire au personnel médical de témoigner.

Les proches des victimes auteurs du communiqué se disent « sidérés par l’attitude du Gouvernement« , qu’ils accusent d’avoir « falsifié les faits« . Ils affirment que les renforts militaire ne sont arrivés que le lendemain de l’attaque, « autour de 14H00« , alors que l’Armée avait déclaré avoir lancé une riposte dès samedi 24 aout 2024. Depuis 2015, le pays est très régulièrement frappé par des attaques de groupes jihadistes, qui ont fait plus de 20.000 morts – civils et militaires – dont près de 3.800 cette année 2024, selon l’ONG norvégienne Acled qui répertorie les victimes de conflits dans le monde.

L’ONU et Human Rights Watch ont accusé à plusieurs reprises les Forces de sécurité burkinabè et les VDP d’avoir commis des exécutions sommaires de nombreux civils. L’actuel Président burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, a promis de faire de la lutte contre le « terrorisme » sa « priorité ».

Vue générale de la ville de Barsalogho, au Burkina Faso, le 29 mai 2024.

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