Le Président kényan William Ruto a assuré lundi 12 mai 2025 que toutes les personnes enlevées à la suite des manifestations antigouvernementales de l’été dernier avaient été « rendues à leurs familles » et promis que cela ne se reproduirait plus.
C’est l’un des aveux les plus clairs du Chef de l’Etat que les Forces de sécurité kényanes ont été impliquées dans des enlèvements et détentions illégales à grande échelle lors du mouvement de contestation contre des hausse d’impôts et la corruption. Selon des groupes de défense des droits humains, au moins 60 personnes ont été tuées et au moins 80 enlevées lors des protestations de juin et juillet 2024, et des dizaines sont toujours portées disparues.
Certaines victimes ont affirmé avoir été détenues pendant des mois dans des lieux tenus secrets. Les personnes disparues ou enlevées « ont toutes été rendues à leurs familles (…) et j’ai donné des instructions claires et fermes pour que rien de tel ne se reproduise« , a déclaré M. Ruto lors d’une conférence de presse au côté du Président finlandais Alexander Stubb, en visite au Kenya. M. Ruto a en outre rappelé s’être engagé, dès sa prise de fonction en 2022, à mettre fin aux enlèvements politiques et aux exécutions extrajudiciaires que connaît le pays depuis des décennies.

Mais un rapport publié la semaine dernière par Missing Voices, une coalition d’organisations de défense des droits humains comprenant Amnesty International et la Commission internationale de juristes, indique que le nombre de disparitions forcées et d’exécutions extrajudiciaires confirmées a atteint 159 l’année 2024, soit le nombre le plus élevé depuis le début de ce recensement en 2019. William Ruto a expliqué en outre avoir rendu la Police financièrement indépendante de la Présidence et qu’il existait un « mécanisme de responsabilité » devant conduire à des enquêtes sur les enlèvements.
Missing Voices a toutefois souligné dans son rapport que « malgré le nombre élevé de disparitions forcées, aucun policier n’a été traduit en justice ni inculpé pour ces crimes ».

© Afriquinfos & Agence France-Presse