Brazzaville (© 2024 Afriquinfos)- Chaque année, le mois d’octobre se pare de rose pour sensibiliser les populations au cancer du sein et à l’importance du dépistage, à tout âge. C’est également l’occasion de faire l’état des lieux sur l’évolution de la maladie et d’intensifier les efforts de recherche dans la lutte contre ce mal dévastateur. Pour l’heure, l’Afrique détient le taux plus élevé du cancer de sein dans le monde d’après l’OMS.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, le cancer du sein constitue la première cause de mortalité chez la femme dans 19 pays de l’Afrique subsaharienne. La moitié de ces femmes qui meurent ont moins de 50 ans, et ‘’ce sont les pays à revenus faibles ou intermédiaires, qui enregistrent les plus faibles taux de survie, que le nombre de nouveaux cas augmentera le plus fortement dans les prochaines années’’, écrit l’OMS dans un rapport publié en 2022.
Le rapport indique que 85 800 femmes sont mortes de cancer de sein en 2020 et que 1 109 209 nouveaux cas de cancer ont été enregistrés en 2020 en Afrique. Le cancer du sein représente la plus grande proportion, 16,8 % des nouveaux cas, soit 186 568 femmes touchées. Il est suivi par le cancer du col de l’utérus, 10,6 % (117 316 femmes).
Selon Dr Valérie McCormack, scientifique au sein de la branche Épidémiologie de l’environnement et du mode de vie du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), ‘’Plus d’un tiers des 64 000 décès annuels attribués au cancer du sein en Afrique subsaharienne pourraient être évités’’. Car le principal problème auquel est confrontée la population africaine, notamment les femmes, c’est l’accès au soin adéquat et aux bonnes informations.
Des chiffres en double d’ici 2040
Selon les résultats de l’étude sur le cancer du sein en Afrique subsaharienne de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre annuel de femmes diagnostiquées avec un cancer du sein en Afrique subsaharienne devrait presque doubler d’ici 2040 en raison du vieillissement et de la croissance démographique.
Cette augmentation des cas sera encore plus importante si l’on tient compte de l’évolution du mode de vie et de la fécondité. Les femmes africaines tendent à avoir moins d’enfants et à retarder leur première grossesse.
L’OMS reconnaît que ces facteurs présentent de multiples avantages socio-économiques et sur le plan de la santé pour les femmes, mais ils augmentent aussi leur risque de développer un cancer du sein au cours de leur vie.
Généralement dans les pays en Afrique, ce n’est qu’au stade avancé que le cancer du sein est détecté chez les femmes. Ce qui réduit considérablement les chances de la réussite du traitement curatif et favorise l’augmentation des décès.
Selon les études de l’OMS, en Afrique subsaharienne, le pourcentage de femmes diagnostiquées à un stade avancé (stade III ou IV) varie considérablement d’un pays à l’autre. Au total, 50 % à 90 % des femmes sont diagnostiquées avec un cancer du sein localement avancé ou métastatique.
Ces études indiquent également que les femmes susceptibles d’être diagnostiquées à un stade avancé de la maladie incluaient les femmes socialement défavorisées, comme celles occupant un emploi non qualifié, n’ayant pas reçu d’éducation formelle ou ayant seulement été à l’école primaire, et celles peu sensibilisées au cancer du sein.
Le manque de sensibilisation
Le manque de sensibilisation, reconnaissent les spécialistes, est un frein au diagnostic précoce du cancer du sein. En Ouganda, par exemple selon l’OMS, deux femmes sur trois pensaient que cette maladie est incurable. Les mythes sur les causes du cancer du sein étaient répandus, comme les croyances selon lesquelles il serait dû à une malédiction ou au port d’argent ou du téléphone dans le soutien-gorge.
Les études soulignent que le plus souvent, les femmes susceptibles de ne recevoir aucun traitement dans les 12 premiers mois suivant le diagnostic étaient des femmes jeunes, peut-être en raison de la stigmatisation, de la peur de la mutilation ou de la peur de l’abandon, mais ce défaut de traitement se retrouvait aussi chez les femmes les plus âgées.
Le statut socio-économique était le plus fort déterminant de l’accès au traitement en Ouganda et au Nigéria, où il n’y a pas de couverture sanitaire universelle. De plus, la préférence pour la médecine traditionnelle était également une entrave à l’initiation du traitement en Ouganda.
Pour la professeure Isabel dos Santos Silva, qui a participé à ces études de l’OMS, « il est essentiel de garantir l’accès à un diagnostic rapide et à un traitement approprié pour prévenir les décès dus au cancer du sein en Afrique subsaharienne ».
Selon l’OMS, le cancer du sein est une maladie caractérisée par la croissance incontrôlée de cellules mammaires anormales qui forment alors des tumeurs. Si rien n’est fait, les tumeurs peuvent se propager dans l’organisme et avoir une issue fatale.
Ce cancer est asymptomatique dans un premier temps chez la plupart des malades. C’est pourquoi la détection précoce est très importante. Les signes ne se montrent qu’à un stade avancé, avec une association de symptômes. Ils sont généralement :
L’OMS conseille de consulter un médecin lorsqu’il y a une masse anormale qui se forme dans le sein.
Afriquinfos