Asmara (© 2019 Afriquinfos)-En Erythrée, aucune mention n’a été faite concernant le prix Nobel de la paix décerné au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, alors que celui-ci a été bel et bien récompensé « pour son initiative déterminante visant à résoudre le conflit frontalier » avec son voisin et rival d’Asmara, selon le Comité Nobel.
Aucune information sur le sujet n’a été donnée sur Eri-TV, même – ni en titre, ni en bref – dans le cours du très officiel journal de la télévision d’État.
Le lendemain, dans les périodiques vendus dans les rues d’Asmara, rien n’y figurait non plus. Du côté du porte-parole du gouvernement, Yemane Ghebremeskel, c’est le silence également et, depuis, aucun des canaux de communication habituels de l’État n’a mentionné la récompense attribuée au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.
Selon une information diffusée par RFI, « Il y a d’abord un peu d’embarras mais ce n’est pas exprimé publiquement parce que si les choses s’étaient déroulées normalement, le président Issayas Afeworki aurait dû recevoir l’autre moitié du prix Nobel. Alors ce qui prédomine, sans doute, c’est un sentiment confus, d’embarras et de jalousie. Quand on ne parvient pas à obtenir quelque chose, on dit que cette chose est mauvaise. J’observe ce qui se dit parmi les soutiens du gouvernement érythréen. Ils disent que cela n’a pas d’importance, qu’Abiy Ahmed l’a remporté et qu’il ne le mérite pas et que finalement Issayas Afeworki n’a rien perdu à ne pas obtenir l’autre moitié de la récompense », explique Fathi Osman, ancien diplomate érythréen en exil et aujourd’hui journaliste de la station indépendante Radio Erena.
Pour être précis, le seul à avoir salué le prix Nobel, c’est le jeune chargé d’affaires de l’Erythrée auprès de l’Union africaine, Biniam Berhe, sur son fil Twitter. Lui, salue tout de même « une récompense bien méritée » mais rien de plus.