Ils étaient nombreux sur la liste avant le 29 janvier 2015, date de clôture des candidatures. Au terme de la date limite, ce sont finalement Luis Figo, Joseph Blatter, Ali Ben Al-Hussein et Michael van Praag qui s’affronteront pour conquérir le fauteuil présidentiel de la fédération pendant les cinq prochaines années.
Ces quatre candidats ont pu remplir les conditions imposées par les statuts de la FIFA pour être éligibles. Conditions qui ont frappé certains candidats qui ont dû se retirer de la course.
Selon les statuts de la FIFA, pour être éligible, un candidat doit avoir joué un rôle actif dans le football durant deux ans sur les cinq années ayant précédé la proposition de sa candidature, et présenter des déclarations de soutien d’au moins cinq associations membres sur les 209 que comprend la Fédération.
C’est cette dernière condition qui a eu raison du Français Jérôme Champagne. À 56 ans, il avait été le premier candidat à se lancer dans l’arène, en janvier 2014. Il a travaillé à la FIFA entre 1999 et 2010, comme Conseiller diplomatique de Joseph Blatter, Secrétaire-général adjoint de l’institution puis Directeur des relations internationales.
Quelques mois plus tôt, cet ex-employé de la FIFA avait lutté pour maintenir sa candidature. Il s’était agi pour lui de «défendre sa vision du football». «Aujourd'hui, la fracture s'accroît entre l'Europe et le reste du monde. Il n'est pas normal par exemple que le continent africain ou le continent sud-américain restent principalement voués à l'exportation de joueurs vers l'Europe. Il existe également des inégalités au sein d'un même continent, avait-il dénoncé dans une interview publiée sur le site OBS ».
«A partir de 2015, je souhaite une FIFA plus puissante, plus démocratique et plus volontariste. Pour que cette FIFA puisse voir le jour, des réformes sont indispensables», a-t-il ajouté.
Jérôme Champagne n’aura pas la chance d’arriver à défendre sa cause.
Dans un communiqué publié le 02 février 2015, il a annoncé le retrait de sa candidature. Tout en remerciant les trois présidents de Fédération qui lui ont envoyé leur parrainage, il a regretté des pressions sur certains présidents. M. Champagne a dénoncé «des candidats instrumentalisés pour mener le combat que d'autres n'ont pas eu le courage de mener et dont certains avancent masqués pour le compte d'intérêts privés ou institutionnels ». Une allusion, à la non-présentation de candidature de son compatriote, Michel Platini. Ce Français de 59 ans, président de l’Union européenne de football (UEFA), avait annoncé dès août dernier qu’il ne briguerait pas le poste suprême, préférant se représenter pour un 3e mandat à la tête de l’UEFA. «Ce n’est pas le moment, ce n’est pas mon heure, pas encore», s’est-il contenté de justifier.
L’ancien numéro 10 de l'équipe de France était celui qui était jusqu’alors comme celui qui était considéré capable de vaincre le président sortant.
Dans cette lutte perdue d’avance, on peut aussi citer le jeune Français de 48 ans, David Ginola. L’ex-attaquant des Bleus et du Paris Saint-Germain a déclaré sa candidature à la mi-janvier 2015, s’attirant un torrent de moqueries et de railleries.
Deuxième ancien joueur international à s’être lancé dans la course après Luis Figo, il était sponsorisé par le site irlandais de paris, «Paddy Power». Son partenaire avait financé sa campagne à hauteur de 330.000 euros. Alors qu’il avait lancé une souscription avec l’objectif de recueillir 3 millions d’euros, il n’a récolté à ce jour que 6.700 euros. Il n’a par conséquent pas pu recueillir les cinq parrainages nécessaires.
«De l’espoir, j’en ai toujours, mais il fautreconnaître que c’est assez bloqué pour un candidat libre comme moi, qui n’a pas de soutien au sein de l’institution», a-t-il déclaré aujournal «le Parisien», le 27 janvier dernier avant de s’éclipser de la course. Le chemin étant donc tracé. Seulement quatre candidats restent en scelle pour continuer la course.
Blatter, le patriarche
A bientôt 79 ans, Joseph Blatter vise un 5eme mandat en se portant une fois de plus candidat à la tête de l’institution internationale. Vivement contesté par les acteurs du football, l’ex président compte toujours maintenir le cap de sa gouvernance entamée en 1998.
Dans un communiqué, il a affirmé son intention de mener une campagne positive axée sur les moyens de renforcer et améliorer la Fifa. «Les gros titres doivent porter sur le football et non sur la Fifa. La Fifa existe pour servir un sport qui unit, à travers le monde, des milliards de personnes appartenant à différentes catégories sociale, politique et religieuse», a-t-il déclaré dans ledit communiqué.
Bien que le président sortant semble bien parti grâce à ses expériences et ses puissantes relations qui constituent un atout, les prochaines années seront certainement chargées pour lui.
Les dossiers des conditions d’attribution du Mondial 2018 à la Russie et du tournoi 2022 au Qatar qui ne sont toujours pas réglés, planent sur sa présidence.
Ce problème renforcé par des soupçons de corruption, des démissions et exclusions en série au sein du Comité exécutif, et le manque de transparence ont dégradé l’image du Gouvernement du football mondial, créant un front anti-Blatter. Mais pour l’octogénaire, il n’est pas question de lâcher prise. «Je me sens bien, mon mandat va se terminer en mai 2015, mais ma mission n’est pas finie», avait-il affirmé lors du Congrès de Sao Paulo tenu 11 juin 2014.
Malgré la relative hostilité des Européens, Joseph Blatter avait reçu à Sao Paulo des signaux positifs d’une majorité des six Confédérations composant la Fifa (Asie ; Afrique ; Amérique du Nord, Amérique centrale et Caraïbes ; Amérique du Sud ; Océanie ; Europe).
Le Prince Ali Ben Al-Hussein
Membre de la famille royale jordanienne, Ali ben al-Hussein est l’actuel président de la Fédération jordanienne, mais aussi membre du Comité exécutif et vice-président de la Fifa. Décrit comme «ouvert et moderne», il bénéficie du soutien de Michel Platini selon qui le jeune prince a «toute la légitimité pour occuper les plus hautes responsabilités».
Porté candidat le 6 janvier dernier, le Prince avait tenté de se justifier : «Je me porte candidat à la présidence de la Fifa parce que j’estime qu’il est temps de sortir des polémiques internes pour revenir au sport», a lâché le Prince sur son compte Twitter.
Selon lui, la FIFA «mérite une Gouvernance de classe mondiale» et doit être «une organisation de service et un modèle d’éthique ». Sa seule faiblesse : il ne fait actuellement pas l’unanimité au sein de la Confédération asiatique.
Luis Figo, la surprise
Sa candidature a surpris plus d’un. Agé de 42 ans, Figo, l'ex-star du Real Madrid, a pris au dépourvu le monde du football en annonçant sa candidature. Le Ballon d’Or en 2000, a mené une brillante carrière, entre ses débuts au Sporting en 1989, ses passages au Barça puis au Real, sa fin de carrière à l’International et ses 127 sélections en équipe du Portugal.
A la veille du dépôt des candidatures, il a annoncé sa volonté de succéder à Blatter, s’inscrivant ainsi comme le dernier candidat sur la liste.
Depuis 2011, l'ex-star du FC Barcelone était membre de la Commission du football de l'Union des associations européennes de football (UEFA). Le stratège de la Selecçao avait mis un terme à sa carrière en 2009. Au cours de sa longue et riche vie sur les prés, il s'est notamment forgé un palmarès éloquent : 24 titres en Clubs dont une Ligue des champions en 2002 avec le Real Madrid, quatre titres de Champion d'Italie et deux titres de Champion d'Espagne.
Cependant, même si sacarrière de joueur constitue un atout pour lui, son manque d’expérience dans les instances dirigeantes pourrait lui porter préjudice.
Figo assure disposer des cinq lettres de soutien de fédérations, mais il déroge à la condition selon laquelle les candidats doivent «avoir joué un rôle actif dans le football durant deux ans sur les cinq années ayant précédé la proposition de leur candidature». Pour lui, il serait question de restaurer l’image de l’instance. «Quand je regarde ce qui se passe actuellement je n’aime pas du tout cela. Quand vous faites une recherche sur internet concernant la FIFA, tous les premiers sujets qui sortent concernent des scandales. C’est cela que nous devons changer. Nous devons améliorer l’image de la FIFA»,a déclaré l’ex joueur du Real Madrid sur le site de la chaîne américaine CNN.
«Il faut un changement au niveau du leadership, de la gouvernance, de la transparence et de la solidarité, c’est le moment », a-t-il ajouté.
Michael van Praag, le rebelle
Président de la Fédération hollandaise de football depuis 2008, il est sorti de l’anonymat le 10 juin 2014, à la veille du Congrès de la FIFA à Sao Paulo.
Réputé pour son intégrité, ce membre du comité exécutif de l’UEFA n’a pas mâché ses mots au lendemain de l’annonce de sa candidature, lors d’une conférence de presse tenue à Amsterdam.
«La suspicion plane constamment sur la FIFA : conflits d’intérêts, népotisme, corruption», dénonce l’ancien Président du club Ajax qui n’a pas manqué de proposer une porte de sortie à Joseph Blatter, l’invitant à prendre la tête d’une «Fondation Sepp Blatter»au service des «enfants défavorisés». «Je n’ai rien contre M. Blatter. En vérité, je l’aime beaucoup. Cependant, quelqu’un qui a dirigé aussi longtemps une organisation et qui est devenu l’incarnation de son image déplorable ne peut plus être le symbole d’une opération de modernisation d’une nouvelle FIFA», a-t-il rassuré.
Pour Michael van Praag, cette candidature consiste juste à passer la main à une nouvelle génération tout en indiquant qu’il ne briguait qu’un seul mandat.
Dans un communiqué, la FIFA a indiqué que « Conformément à l'article 8, alinéa 1 du règlement électoral, la commission électorale ad hoc a transmis les dossiers de candidatures à la chambre d'instruction de la commission d'éthique, pour qu'elle mène «des enquêtes d'habilitation sous dix jours». Après réception des résultats de l'enquête, la commission électorale se réunira à nouveau pour «valider la conformité des quatre dossiers» ; après quoi, les candidatures seront «formellement acceptées» et les «candidats parfaitement éligibles» à la fonction de président de la Fifa, a poursuivi le document.
Par ailleurs, bien que les candidats qui occupent des postes au sein du football soient autorisés à rester en fonction pendant la campagne électorale, tous les candidats sont tenus de respecter le Code d’éthique de la FIFA et peuvent être soumis à des enquêtes en cas d’irrégularités.
«Les candidats doivent éviter les conflits d’intérêt, en particulier dans le contexte du financement de la campagne par les candidats occupant des postes officiels. De plus, les activités de campagne ne doivent pas être mélangées avec des activités menées dans le cadre des fonctions occupées par le candidat concerné», a prévenu un porte-parole sur le site officiel de la fédération.
Larissa Agbenou