Egypte/L’ex-Président Hosni Moubarak accusé de complicité de meurtre blanchi par un tribunal égyptien

Afriquinfos Editeur
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Prison pour 78 manifestants adolescents mais abandon des charges contre l'ex-Président Hosni Moubarak. L’ex homme d’état a été acquitté des charges retenues contre lui. En outre, l’ancien ministre de l’Intérieur Habib al-Adly et six hauts responsables sous Moubarak ont été déclarés « innocents » par le juge Mahmoud Kamel al-Rashidi.

M. Moubarak reste toutefois en détention dans un hôpital militaire du Caire où  il purge actuellement une peine de prison de trois ans pour corruption dans l’affaire de la vente de gaz naturel égyptien à Israël qui se serait faite en dessous des prix du marché.

Réactions mitigées

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 Cette décision  a suscité des réactions mitigées au sein de la société civile. « En une semaine, la justice égyptienne a montré qu'elle était politisée et a confirmé la fin des espoirs démocratiques nés du Printemps arabe » ont estimé certains experts et défenseurs des droits de l'Homme dans un communiqué.

« Le jugement de samedi, hautement symbolique, illustre une justice sélective, qui semble plus occupée à sanctionner l'opposition qu'à faire respecter la justice », a réagi  de son coté l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR).

Pour Karim Bitar, spécialiste du Moyen-Orient, l'abandon des charges contre M. Moubarak s'apparente à "une mascarade judiciaire" qui indique que le régime "ne prend même plus la peine de sauver les apparences". "M. Moubarak est libre alors que des journalistes et des militants des droits de l'Homme croupissent en prison", a-t-il déploré.

"Tout cela prouve que l'appareil judiciaire a besoin d'être réformé", affirme Gamal Eid, avocat des droits de l'Homme.

Le gouvernement, de son coté nie toute intervention dans les décisions de la justice, et a même, exprimé un certain embarras.

Quelques heures après la décision, environ un millier de manifestants se sont regroupés près de la place Tahrir pour protester contre le jugement. « Ils ont innocenté l’assassin, le sang de nos frères n’a pas coulé en vain », « Le peuple exige la chute du régime », ont-il scandé. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les manifestants. Deux personnes sont mortes dans les heurts et une vingtaine de manifestants  interpellés et embarqués dans des fourgons.

Plus de 800 personnes ont été tuées durant la révolte populaire qui a provoqué la chute de Hosni Moubarak.

Larissa AGBENOU