Egypte : Mohammed Morsi, la fin d’un épisode politique égyptien ?

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Mohammed Morsi était pourtant le premier président démocratiquement élu en Egypte. Mais c’est cette montée au pouvoir de courte durée qui l’entraînera dans une série de procès.

Apres la révolution de janvier 2011 ; Mohammed Morsi représentera  les couleurs du parti islamique des frères musulmans lors de la présidentielle de 2012. Il l'emporte, au second tour sur l'ancien Premier ministre Ahmed Chafik  avec 51,73 % des voix, et devient ainsi le premier civil à occuper ce poste.

Soutenu par la confrérie, il met en place tant bien que mal sa feuille de route après être investi 5ème président de la république de l’Egypte le 30 mai 2012.

Appliquant ainsi le programme des Frères musulmans, principaux membres de son parti, alors que les révolutionnaires laïcs et les autres partis demandaient à prendre part à l'exercice du pouvoir, Morsi se révèle peu capable de fédérer le pays et dû faire  face à des contestations régulières.

L'armée adresse donc un ultimatum au président lui demandant de « satisfaire la volonté du peuple » .Ce dernier rejette l’ultimatum, tandis que cinq ministres, ainsi que le porte-parole du gouvernement démissionnent. Mais le chef d’Etat ne cédera pas et déclare lors de sa dernière allocution que « le prix de la défense de la légitimité, c'est ma vie », rappelant qu'il était le premier président élu démocratiquement de l'histoire de l'Égypte.

Le 02 mai 2013, Morsi appelle à former un gouvernement de « consensus ». Cet appel ne sera pas entendu car il sera  renversé le lendemain par un coup d’état de l’armée égyptienne.

Le jour suivant, la nouvelle se répand ; on apprend que Mohamed Morsi est détenu par l'armée et que des mandats d'arrêt sont émis à l'encontre des dirigeants des Frères musulmans, tandis qu’Adii Mansour  prête serment comme président par interim.

Le 13 juin ; le parquet annonce qu'une enquête pénale est ouverte pour espionnage, incitation à la violence et destruction de l'économie. Début septembre, Mohammed Morsi est inculpé pour «avoir commis des actes de violence et avoir incité au meurtre et au pillage», de même que 14 autres responsables et membres des Frères musulmans.

Le 23 juin 2013, un tribunal égyptien a déclaré que les membres des Frères musulmans ont conspiré avec des militants islamistes locaux dans le but de prendre d'assaut la prison de Wadi el-Natroun au nord-ouest du Caire profitant du chaos durant la révolution de janvier 2011 afin de faire évader 34 dirigeants des Frères musulmans dont le futur président Mohamed Morsi.

 

Dures Sentences

 Toutes ces charges ont amené l’ancien président égyptien à être jugé dans deux procès distincts. Au cours du premier, l'ex-président et ses 35 co-accusés, les Frères musulmans, étaient accusés d'avoir fourni «des rapports de sécurité» à l'Iran et devaient également répondre d'espionnage en faveur de « l'organisation internationale des Frères musulmans» en vue de mener des attaques terroristes dans le but de renverser l'Etat». Les accusations lui ont valu 20 ans de prison.

Dans le second procès, Mohamed Morsi et des dirigeants de sa confrérie étaient accusés d'avoir planifié les violences de 2011 et de s'être échappés de prison. Ces actes « graves » lui ont valu la peine capitale.

Une condamnation que le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncée en affirmant que «l’Egypte appartient à l'Egypte antique». Le chef d'état turc a également accusé l'Occident de « fermer les yeux » sur le coup d'Etat de 2013 qui a évincé Morsi du pouvoir.

D’autres  réactions pourraient suivre dans les jours à venir. Déjà quelques heures après l’annonce de sa condamnation, deux juges et un procureur égyptiens ont été tués par balle dans le nord du Sinaï.

Mais le sort de l’ex chef d’Etat est loin d’être scellé. Mohamed Morsi doit encore être jugé dans deux autres procès, l'un pour « outrage » et l'autre pour « espionnage » au profit du Qatar.

Larissa AGBENOU