Egypte: Condamnation des violences quasi unanime de la communauté internationale

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Les conflits se poursuivent dans le pays et le bilan des victimes est difficile à établir. Le ministère égyptien de la Santé a fait état jeudi soir de 638 morts, alors que l'organisation des Frères musulmans évoque pour sa part 2.200 morts et plus de 10.000 blessés.

Cette effusion de sang, qui a fait l'objet d'une large couverture médiatique internationale, a immédiatement suscité de vives préoccupations de la communauté internationale.

CONDAMNATION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

Au lendemain des affrontements sanglants, la communauté internationale, de l'ONU aux pays occidentaux en passant par les pays arabes, ont tous rapidement réagi aux violences en Egypte.

Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont souhaité que "les parties en Egypte fassent preuve d'un maximum de retenue", a déclaré jeudi la présidente argentine du Conseil à l'issue de consultations sur la crise en Egypte, organisées suite à la demande conjointe de la France, du Royaume-Uni et de l'Australie.

La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne ont tous convoqué l'ambassadeur d'Egypte dans leur pays respectif, alors que le Canada a annoncé jeudi la fermeture de son ambassade en Egypte en raison des violences afin d'assurer la sécurité de son personnel consulaire.

L'Algérie a exprimé pour sa part sa "grande préoccupation" tout en soulignant que "le dialogue entre tous les Egyptiens constitue plus que jamais la seule voie pour bâtir un consensus permettant le retour à l'ordre et à la sécurité". Dans les pays arabes, le Qatar a condamné "avec force" l'intervention de la police contre des "manifestations pacifiques".

Quant à la Chine, le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, a affirmé lors de son entretien téléphonique avec son homologue jordanien, que la Chine accorde une attention particulière à l'évolution de la situation en Egypte et est profondément préoccupée par la crise.

La réaction de la Turquie face à la situation en Egypte s'est avérée très vive. Le ministère turc des Affaires étrangères a rappelé jeudi pour consultations son ambassadeur en Egypte après avoir fermement condamné l'"agression" par les forces de sécurité égyptiennes contre les partisans du président déchu Mohamed Morsi.

Le ministère égyptien des Affaires étrangères a, quant à lui, réagi peu après en rappelant l'ambassadeur d'Egypte en Turquie pour consultations.

 RELATIONS AMERICANO-EGYPTIENNES DANS UN DILEMME

Au lendemain des affrontements meurtriers, le président américain Barack Obama a fermement condamné jeudi les violences en Egypte alors que le pays arabe a accusé vendredi M. Obama d'"encourager" les groupes violents.

"Les Etats-Unis condamnent avec force les mesures prises par le gouvernement intérimaire égyptien", a affirmé jeudi M. Obama, qui n'a pas oublié de dénoncer la réinstauration de l'état d'urgence.

En outre, il a annoncé l'annulation de manoeuvres militaires conjointes avec l'Egypte en réaction à la répression sanglante menée par l'armée égyptienne, mais Washington n'est pas allé jusqu'à couper l'assistance militaire, d'un montant de 1,3 milliard de dollars par an, à cet allié stratégique dans cette région.

Washington se réserve toutefois la possibilité de prendre des "mesures supplémentaires", a souligné le président américain. Quelles que soient les "mesures supplémentaires", les Etats-Unis "maintiendront" leurs relations militaires avec l'Egypte, a affirmé le chef du Pentagone Chuck Hagel.

Peu après la déclaration de M. Obama, la présidence égyptienne a réagi en rendant public tôt vendredi un communiqué, selon lequel la déclaration américaine est "sans fondement" et risque de renforcer et encourager les groupes violents.

La déclaration du président américain est intervenue alors que des médias occidentaux et américains ne cessaient de l'exhorter à prendre des mesures contre les violences en Egypte.

Selon les médias occidentaux, malgré cette déclaration, la marge de main-d'oeuvre reste réduite compte tenu du poids stratégique de ce pays arabe pour les Etats-Unis. M. Obama peut-il réellement agir efficacement contre les violences en Egypte? Une question à laquelle il est pour l'instant impossible de répondre.