Eddy Kenzo, star de la musique urbaine africaine mise en lumière aux Grammy Awards 2023

Afriquinfos Editeur
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Kampala (© 2023 Afriquinfos)- En écoutant son histoire, on aurait pensé que Eddy Kenzo était destiné à passer sa vie dans la rue. Mais Non ! Ce n’est pas le cas pour l’artiste ougandais, dont la musique mêle dancehall et afrobeat. « C’est comme si je rêvais ; Je ne peux pas exprimer mes sentiments. a déclaré Eddy Kenzo« , fier d’être devenu le premier chanteur ougandais nommé aux prestigieux Grammy Awards.

Parti de rien, orphelin ayant passé une grande partie de sa jeunesse dans la rue, Eddy Kenzo est sélectionné dans la catégorie meilleure performance musique du monde pour la cérémonie prévue le 5 février à Los Angeles. L’artiste de 33 ans, de son vrai nom Edrisah Musuuza, assure que sa nomination l’a laissé « sans voix« . « Même la personne la plus pauvre peut réussir« , réalise-t-il.

« Cette nomination doit donner de l’espoir aux plus démunis (…) Si je l’ai fait, ils peuvent aussi y arriver« , estime-t-il lors d’un entretien avec l’AFP dans son studio de Kampala, la capitale ougandaise.

Son enfance a été jalonnée de drames. Né d’un père ougandais et d’une mère rwandaise dont la famille a été tuée lors du génocide de 1994, Eddy Kenzo perd ses deux parents, emportés l’un après l’autre par la maladie, avant ses cinq ans. Adolescent, il dort dans les rues de la capitale ougandaise, se couchant souvent le ventre vide. « J’ai souffert lorsque j’étais enfant », dit-il.

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Grâce à sa persévérance et à sa passion pour la musique, Eddy Kenzo réussit à rassembler des fonds pour sortir en 2008 sa première chanson, « Yannimba » (« Il m’a menti » en luganda, une langue bantoue parlée dans plusieurs pays de la région des Grands lacs).

Lauréat au Pearl of Africa Music Awards

Sans soutien financier, snobé par les animateurs radio qu’il démarche assidument, sa chanson reste confidentielle. Eddy Kenzo se fait connaître deux ans plus tard avec le tube « Stamina« , qui devient rapidement un incontournable des soirées privées et des discothèques. Le début de l’ascension.

En 2011, il remporte le prix de la révélation de l’année aux Pearl of Africa Music Awards. Son audience à l’international croît en 2014 avec la sortie de « Sitya Loss » (« Je n’ai pas peur de la perte »), un titre entraînant sur son enfance et sur sa résilience.

« Mon rêve était de rendre les gens heureux. Quand quelqu’un danse, il devient heureux, se sent bien, rit, se sent aimé, se débarrasse du stress et oublie les problèmes déprimants du monde« , explique-t-il. « Je voulais aussi devenir une lueur d’espoir pour ceux qui désespèrent« , poursuit-il.

Il remporte ensuite plusieurs prix, dont un Nickelodeon Kids’ Choice Award en 2018, un BET Award en 2015 et plusieurs All Africa Music Awards.

L’artiste passe un nouveau cap avec sa nomination aux Grammy Awards avec « Gimme Love« , un titre en anglais et en luganda en collaboration avec l’Américain Matt B. Quatre autres artistes sont nommés, dont le Nigérian Burna Boy. « Si je gagne, ce sera un honneur pour mes fans, ma culture et tous ceux qui ont marqué ma vie« , assure-t-il, impatient de se rendre dans la « Cité des Anges« .

Malgré cette trajectoire fulgurante, ce père de deux enfants n’a pas oublié ses débuts difficiles et tient à montrer la voie à d’autres artistes. Fondateur de Big Talent Entertainment, un studio situé dans un quartier pauvre et densément peuplé de Kampala, Eddy Kenzo forme et aide jeunes garçons et filles des bidonvilles voisins à développer leurs talents musicaux.

Toutefois, Eddy Kenzo assure ne pas vouloir se laisser griser par le succès, et rester le même, notamment en continuant à chanter en luganda, alors que l’anglais offrirait une plus grande audience: « Je veux promouvoir ma culture et mon pays à travers la musique« , dit-il.