Paris (© 2025 Afriquinfos)- L’annonce du décès de l’ancien leader de l‘extrême droite française, Jean Marie Le Pen à l’âge de 96 ans, a suscité des réactions à travers le monde. En Afrique avec laquelle il entretenait une relation controversée, le Fondateur du Front National (FN), n’était pas beaucoup apprécié. Et cela se ressent dans les déclarations qui ont suivi sa mort.
Dans l’hommage rendu par l’actuel président du Rassemblement National (RN) anciennement Front National (FN), l’Afrique est déjà évoquée. Jordan Bardella a écrit sur X à propos de Jean-Marie Le Pen : « Engagé sous l’uniforme de l’armée française en Indochine et en Algérie, tribun du peuple à l’Assemblée nationale et au Parlement européen, il a toujours servi la France, défendu son identité et sa souveraineté ». En effet, le jeune Jean Marie Le Pen a servi en tant que parachutiste à Alger durant la guerre d’Algérie. Il n’y a pas laissé de bons souvenirs.
Celui qui à l’époque avait troqué sa veste de Député pour l’uniforme, est accusé de tortures. Lui-même ne s’en cachait pas avant de se rétracter et de nier les faits : « Je n’ai rien à cacher. J’ai torturé parce qu’il fallait le faire. Quand on amène quelqu’un qui vient de poser vingt bombes qui peuvent éclater d’un moment à l’autre et qui ne veut pas parler, il faut employer des moyens exceptionnels pour l’y contraindre. » Des déclarations sur lesquelles il reviendra des années plus tard, malgré les nombreux témoignages attestant de sa présence sur les lieux des tortures.
Selon Thomas Borrel, de l’association Survie, « Jean-Marie Le Pen incarne l’impunité des crimes coloniaux puisque lui-même, en tant que tortionnaire pendant la guerre d’Algérie, n’a jamais été inquiété pour ces crimes-là. Et puis, il incarne la transition finalement entre le colonialisme dans sa forme la plus brutale, la plus assumée, à une forme de néo colonialisme qui s’inspire finalement des mêmes idées et avec la même matrice idéologique profondément raciste, puisque Jean-Marie Le Pen, en tant que politicien français, a considérablement ancré dans le débat politique des thèses xénophobes, racistes. »
Jean Marie le Pen a en effet beaucoup contribué à radicaliser le discours politique en France. il s’est notamment rendu célèbre Jean-Marie par ses provocations médiatisées : contre les immigrés, les musulmans, les juifs, contre ses adversaires politiques aussi, ou en contestant l’importance historique des chambres à gaz utilisées par les nazis durant la Seconde guerre mondiale, entre autres déclarations.
L’ancien leader du FN a su avant tout le monde, anticiper la montée du populisme en Europe avec des discours virulents contre l’immigration, son appel à un retour à une supposée « grandeur nationale » et son opposition à la mondialisation.
«Jean-Marie Le Pen a quand même marqué l’histoire politique de la France et par ricochet également celle de l’Afrique. Pour qui connaît un peu les liens qui ont toujours existé entre la France et l’Afrique, surtout l’Afrique francophone. Son vécu est intrinsèque à l’histoire politique de l’Afrique francophone.
Pour porter un certain nombre de discours dans les années 70-80, un discours xénophobe, raciste, etc., pour l’assumer, il fallait avoir du bagout…Ce n’est pas une personne anodine de l’histoire politique française…En Afrique, on ne pleurera pas Jean-Marie Le Pen», a déclaré pour sa part le politologue sénégalais Mamadou Seck.
Boniface T.