Des Togolais de divers bords réagissent à la libération d’Aamron

Afriquinfos Editeur
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L'artiste Aamron à côté de son avocat après sa libération (DR, Chic Info)

Lomé (© 2025 Afriquinfos)- Après près de quatre semaines d’incarcération notamment son internement dans un hôpital psychiatrique, l’artiste engagé togolais Aamron a été libéré le samedi 21 avril. Ses proches et plusieurs voix de la société civile, ont réagi à sa libération.

Enlevé selon ses proches dans la nuit du 26 mai, le rappeur a recouvré la liberté le samedi 21 juin. On le voit dans une vidéo au côté de sa mère, le regard hagard, quelque peu amaigri sans ses cheveux en dreadlocks et sa barbe. La libération d’Amron a été rendue possible grâce à une réquisition du procureur, conditionnée à la poursuite de son traitement pour des problèmes de santé mentale. Pour sa génitrice qui a toujours clamé que son fils n’avait aucun problème mental, c’est un soulagement de le revoir à la maison : « je remercie le bon Dieu qui a œuvré pour sa libération et tout le peuple togolais qui s’est beaucoup mobilisé » a déclaré Mme Tchalla. Les 5 et 6 juin, des manifestants, majoritairement jeunes, étaient en effet descendus dans la rue pour protester contre l’arrestation d’Aamron mais aussi celles d’autres voix critiques envers le régime de Faure Gnassingbé.

Kao Atcholi, président de l’Association des Victimes de tortures au Togo (ASVITTO) a réagi à la libération de l’artiste : « Naturellement c’est une grande satisfaction pour nous, nous avons accueilli cette libération avec joie. En tant que défenseurs des droits de l’homme, pour nous, cette détention était arbitraire et cette libération est donc pour nous, la fin d’une détention illégale ».

Selon son avocat, Me Célestin Agbogan, Aamron qui était détenu au SCRIC (Service central de recherches et d’investigations criminelles), aurait subi des traitements inhumains. « De toute façon, quand ils l’ont amené au bureau du Scric, après, ils l’ont fait sortir à un endroit toujours dans la même enceinte. Ils l’ont menotté dans des conditions déplorables et ils ont commencé à le bastonner ». Me Celestin affirme que son client n’a pas seulement subi des actes de torture, mais aussi des menaces de toutes sortes de la part des agents du SCRIC. « Nous sommes en train de te torturer. Si Dieu t’aide et tu t’en sors un jour, tu peux aller faire tes lives pour dire que nous t’avons torturé, mais personne ne nous fera rien », auraient lancé les gendarmes du SCRIC, selon les propos rapportés par l’avocat de l’artiste.

La libération d’Aamron n’a en rien affaibli la verve des activistes togolais. Ils appellent à de nouvelles manifestations les 26, 27 et 28 juin prochains. Le Gouvernement a pour sa part, rappelé, dans un communiqué, les règles encadrant les réunions et manifestations publiques. Selon le communiqué du ministre de l’administration territoriale, certaines zones sont exclues des rassemblements pour des raisons de sécurité : « routes nationales, abords des institutions de la République, chancelleries, camps militaires et autres lieux sensibles ». Les horaires autorisés sont limités entre 11h et 18h.

Le gouvernement prévient qu’ »aucun appel à la désobéissance ou tentative de trouble à l’ordre public ne sera toléré », et que les auteurs de telles actions s’exposent à des poursuites pénales. Tout en réaffirmant « son attachement aux libertés démocratiques », l’exécutif assure que les forces de sécurité seront mobilisées pour assurer la sérénité des citoyens sur l’ensemble du territoire.

S.B.