COP16 de la biodiversité à Rome: L’Afrique pour un nouveau Fonds dédié à ce secteur et le renouveau de son financement

Afriquinfos Editeur
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Ouverture de la COP16 de la biodiversité à Rome (DR-Twitter Hubert Messmer )

Rome (© 2025 Afriquinfos)- Quatre mois après avoir échoué à trouver un accord sur le sujet majeur du financement, les Etats parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB) se retrouvent à compter de ce mardi 25 février 2025 pour un second round de négociations à la Cop 16, prévue sur trois jours. Cette rencontre ambitionne de dénouer les blocages sur les financements.

La COP 16 de la biodiversité s’est donc rouverte en présence des délégués de 154 des 196 signataires de la Convention sur la Diversité Biologique. Présents également à Rome, les pays avec une riche biodiversité, les Brics et le groupe Afrique réclament un nouveau fonds, plus accessible et sous l’autorité de la COP.  

Ce fonds, financé par les pays développés, viserait à soutenir des projets dans les pays moins riches. Cette proposition avait été abordée lors de la dernière réunion à Cali et ces pays sont apparus unis et efficaces pour plaider une nouvelle fois pour la création de ce fonds: «Ils appuient leurs demandes sur le texte de la Convention pour la Diversité Biologique, puisque depuis 1992, l’on doit créer un instrument dédié à cette Convention et à la biodiversité et l’on procrastine», pointe Aleksandar Rankovic, directeur du think tank The Common Initiative.

Fin 2024, les pays participants à la COP16 biodiversité, organisée à Cali, en Colombie, s’étaient quittés sur un profond désaccord concernant la question brûlante du financement et les négociations avaient été suspendues sans accord.

« L’évolution des rapports de force en géopolitique, mais aussi les contraintes que les conflits armés font peser sur les finances des pays » sont responsables de la « polarisation » du monde sur cette question, a averti lundi la présidente colombienne du sommet, Susana Muhamad. Même dans ce contexte, « nous pouvons nous accorder sur des choses fondamentales« , dont « l’une des plus importantes est de protéger la vie en plein milieu des crises climatiques et de la nature », a-t-elle déclaré.

Au cœur du bras de fer entre pays riches et en développement : comment répartir les 200 milliards promis pour enrayer l’effondrement des espèces d’ici 2030.

Comment répartir l’argent?

À Cali, le dernier texte sur la table prévoyait la création, réclamée avec force par les pays africains, d’un nouveau fonds destiné à leur distribuer l’argent public des grandes puissances.

Mais ces dernières – menées par l’Union européenne, le Japon et le Canada en l’absence des États-Unis, non-signataires de la convention – y sont radicalement hostiles. Elles dénoncent une fragmentation de l’aide au développement, déjà fragilisée par les crises budgétaires et l’effacement des Américains en la matière.

Pour tenter de dépasser cette impasse, la présidente de la COP et ministre colombienne de l’Environnement, Susana Muhamad, a suggéré la semaine dernière une solution de compromis. Elle a proposé de lancer un processus de travail visant à créer ou adapter un fonds spécifiquement dédié à la biodiversité. Ce fonds serait placé sous l’égide de la COP d’ici à 2030, dans un souci de transparence.

Lors de la première journée de COP16, la ministre colombienne de l’Environnement a appelé les pays du monde à démontrer que le multilatéralisme environnemental peut encore être efficace face à un enjeu qui n’est autre, selon elle, que de pouvoir «maintenir la vie sur la planète».

C’est l’une des politiques qui a le pouvoir d’unir le monde. Et ce n’est pas rien dans le paysage géopolitique actuel qui est très polarisé, fragmenté et suscite la discorde. Nous avons une importante responsabilité ici à Rome.

En cette année 2025, nous pouvons envoyer une lueur d’espoir et dire que, malgré nos différences, malgré les tensions, malgré les marges budgétaires limitées dans les pays du Nord comme ceux du Sud et malgré les conflits armés, nous pouvons dire que nous sommes encore capables de travailler ensemble pour quelque chose qui transcende nos intérêts propres et nous connecte tous : c’est la vie elle-même.

V. A.