Contrôle du Lac Kivu: Les Européens menacent encore de sanctions le Rwanda, l’UA exige un retrait immédiat du M23

Afriquinfos Editeur
4 Min de Lecture
Des habitants de Bukavu aux côtés de combattants du M23 le 16 février 2025.

Les combattants du M23 alliés à des troupes rwandaises ont pris le contrôle dimanche de Bukavu, grande ville de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), sous les acclamations d’une partie de la population, l’Union Africaine en Sommet appelant au « retrait immédiat » du groupe armé. Le Gouvernement congolais a déclaré dans un communiqué suivre « heure par heure la situation à Bukavu », fustigeant une nouvelle fois le Rwanda et « son dessein d’occupation, de pillages » dans l’Est congolais.

Réunie depuis samedi 15 février en Sommet, l’Union Africaine (UA) a appelé dimanche 16 février « au retrait immédiat du M23 et de ses partisans », mettant en garde contre « une balkanisation de la RDC » et l’éclatement du pays avec des pans entiers de territoire échappant désormais au contrôle de Kinshasa.

Le Secrétaire Général des Nations Unies Antonio Guterres au sommet de l’Union Africaine le 15 février 2025 à Addis Abeba.

L’UA, régulièrement critiquée pour ses prises de positions jugées timorées notamment sur la crise qui déchire l’est de la RDC depuis plus de trois ans avec la résurgence fin 2021 du M23 appuyé par Kigali et son Armée, n’a toutefois pas explicitement mentionné le Rwanda. Environ 4.000 militaires rwandais sont présents dans l’est de la RDC et les derniers combats ont fait près de 3.000 morts, selon l’ONU.

Londres a exprimé dimanche 16 février par communiqué une crainte « d’un conflit régional plus large ». Depuis la récente intensification des violences, les appels de la communauté internationale à une désescalade avec un cessez-le-feu et un retrait des troupes rwandaises se sont multipliés, jusqu’ici en vain, sur fond de vives inquiétudes que le conflit ne dégénère en guerre régionale.

L’Ouganda et le Burundi voisins, mais aussi l’Afrique du Sud ont déployé des troupes dans la région en appui à l’Armée congolaise. Le M23 a exigé samedi 15 février dans un communiqué « le retrait immédiat » des soldats burundais présents dans le Sud-Kivu. Le Secrétaire Général de l’ONU Antonio Guterres a réaffirmé samedi, à l’ouverture du Sommet de l’UA, la nécessité d' »éviter à tout prix une escalade régionale ». La diplomatie française s’est dite ce 15 février prête à prendre des « sanctions » tandis que l’UE a indiqué examiner « en urgence toutes les options à sa disposition ».

Le Président rwandais Paul Kagame a récemment déclaré dans la presse que « personne ne (l)’intimidera avec des menaces de sanctions ». Kinshasa accuse Kigali de vouloir contrôler l’exploitation et le commerce de minerais – dont le sous-sol de l’est de la RDC est riche – utilisés dans les batteries et les équipements électroniques, mais aussi de tenter de s’approprier des terres pour l’agriculture et l’élevage.

Le Rwanda dément, et affirme que sa sécurité est menacée par certains groupes armés présents dans la région, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), créées par d’anciens responsables Hutus du génocide des Tutsi au Rwanda.

© Afriquinfos & Agence France-Presse