« Si aucune action immédiate n'est entreprise, près de 13 millions de personnes courent le risque d'être confrontées à une grave crise alimentaire qui menace de dégénérer en urgence humanitaire de grande ampleur dans la région du Sahel en Afrique de l'Ouest et centrale », prévient le communiqué.
Au Tchad, Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et au nord du Sénégal, les taux de malnutrition oscillent entre 10 et 15%, et dépassent même le seuil d'urgence de 15% dans certaines régions et plus d'un million d'enfants font face à un risque de malnutrition sévère.
« Des millions de personnes devront bientôt faire face à une crise majeure. Tous les signaux indiquent que la sécheresse évoluera bientôt en catastrophe si rien n'est entrepris », a déclaré le directeur régional d'Oxfam en Afrique de l'Ouest, Mamado Biuteye, précisant qu'une action d'aide humanitaire concertée est nécessaire.
Soulignant que le pire peut encore être évité et des millions de vies peuvent encore être sauvées si nous agissons maintenant, Oxfam explique que la crise est provoquée par la combinaison de nombreux facteurs dont la sécheresse, des prix alimentaires très élevés, une pauvreté endémique et des conflits régionaux.
Dans toute la région, indique un rapport, les prix des denrées alimentaires sont en moyenne de 25 à 50% plus élevés que la moyenne de ces cinq dernières années. Selon la même source, les prix pourraient encore augmenter de 25 à 30% d'ici au pic de la période de soudure entre juillet-août, augmentant le risque de malnutrition sévère pour les familles les plus vulnérables.
Dans la région de Tillabery (Ouest du Niger), des familles quittent la campagne pour les villes en quête de nourriture et d'emplois. Selon les chiffres des différents gouvernements, 33.000 enfants ont dû quitter l'école pour suivre leurs parents.
En Mauritanie, 700.000 personnes, près d'une famille sur quatre, arrivent difficilement à couvrir leurs besoins alimentaires quotidiens. Au Tchad, 3,5 millions de personnes, soit plus de 30% de la population, sont confrontées à l'insécurité alimentaire.
Selon la FAO, la production agricole dans la région est de 25% inférieure à celle de 2010. La récolte de céréales est en baisse de 1,4 million de tonnes pour les six pays du Sahel. Le pays le plus touché, la Mauritanie, a connu une baisse de 52% de sa production céréalière, tandis qu'au Tchad et au Niger celle-ci a baissée respectivement de 50 et 27%.
Bien que les récoltes aient été bonnes dans les pays voisins exportateurs que sont le Bénin, le Nigeria et le Ghana, il est peu probable que les surplus soient suffisants pour couvrir les besoins alimentaires dans le Sahel.
Oxfam affirme également que le conflit dans le nord du Mali a jeté 160.000 personnes sur les routes. Plus de la moitié d'entre- elles ont passé la frontière avec le Burkina Faso, le Niger ou la Mauritanie. Les violences au Nigeria ont également provoqué une diminution importante des volumes de céréales exportés vers le Niger et le Tchad.
Les prochaines récoltes n'étant pas attendues avant octobre, une action humanitaire concertée est indispensable, poursuit Oxfam, ajoutant que les Nations Unies ont estimé les besoins actuels à 724 millions de dollars.
Oxfam estime ses besoins à 37 millions de dollars pour pouvoir venir en aide à 1 million de personnes dans le Sahel en fournissant de l'argent, de la nourriture et de l'eau, en mettant en oeuvre des programmes sanitaires, d'assistance au bétail et des campagnes de promotion de l'hygiène.