Maputo (© 2019 Afriquinfos)- Les Mozambicains ont voté mardi dans un climat de vives tensions, au terme d’une campagne violente alimentée par des accusations de fraudes au profit du régime lancées par l’opposition et la société civile.
Comme on s’y attendait, les premiers résultats partiels de l’élection présidentielle et législative mettent en valablement en avance au président sortant et son parti. De son côté, l’opposition a appelé ce samedi 19 octobre à l’annulation de et accuse le pouvoir d’avoir violé l’accord de paix.
Après dépouillement de 830 000 bulletins exprimés, soit à peine plus de 6% des 13,1 millions d’électeurs inscrits, l’actuel chef de l’État Filipe Nyusi, qui brigue un deuxième mandat, était crédité de près de 75% des suffrages, selon les résultats publiés par la CNE sur son site internet vendredi.
Il devance largement son concurrent Ossufo Momade, le chef du principal parti d’opposition la Renamo, l’ex-rébellion de la guerre civile (1975-1992), créditée de 20% des voix, selon ces mêmes résultats.
« Le Front de libération du Mozambique (Frelimo, au pouvoir) (…) a violé l’accord de cessation des hostilités qui dit qu’il ne faut pas commettre d’actes de violence et d’intimidation dans la poursuite d’objectifs politiques », écrit la Résistance nationale du Mozambique (Renamo) dans un communiqué publié samedi.
La Renamo affirme que certains de ses délégués ont été arrêtés après avoir surpris des organisateurs du scrutin qui distribuaient plus d’un bulletin de vote pour le Frelimo aux électeurs.
« Il y a eu des arrestations arbitraires d’agents (…) et des électeurs qui ont essayé de se plaindre de tout, du bourrage d’urnes électorales, n’ont pas été en mesure d’exercer leur droit de vote », poursuit la Renamo qui d’ailleurs a appelé à la tenue de « nouvelles élections ». Des responsables gouvernementaux n’étaient pas joignables dans l’immédiat pour commenter ces accusations.
À la dernière présidentielle, Filipe Nyusi l’avait emporté avec 58% des voix devant le chef historique de la Renamo Afonso Dhlakama (37%). Pour les élections législatives, le parti présidentiel du Frelimo, qui dirige le Mozambique sans partage depuis son indépendance sur le Portugal en 1975, pointe largement en tête avec 70% des voix après dépouillement de 750 000 bulletins, devant la Renamo avec 22% des suffrages.
Affaibli par une crise financière, un scandale de corruption et une insurrection jihadiste dans le nord du pays, le Frelimo avait réalisé sa plus mauvaise performance de son histoire en 2018 aux élections locales, avec un score national de 51,8%.
La CNE doit annoncer lundi les résultats des élections provinciales qui se sont également déroulées mardi. La Renamo espérait, avant le scrutin, prendre le contrôle de plusieurs des dix provinces du pays. Elle s’est abstenue de tout commentaire officiel depuis mardi.
Pour rappel, le gouvernement et l’ex-rébellion ont signé en août un accord de paix et de désarmement censé mettre un point final à leurs affrontements, récurrents depuis plus de quarante ans. Mais la campagne électorale a ravivé les tensions entre les deux camps.
I.N