Concurrence ardue pour la recomposition de la Commission de l’UA: Dernières batailles diplomatiques des candidats

Afriquinfos Editeur
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Mahamoud Ali Youssef, candidat à la Présidence de l'Union Africaine (DR-Commission de l'UA)

Addis-Abeba (© 2025 Afriquinfos)- Les États membres de l’Union africaine (UA) éliront un nouveau président de la Commission de l’UA en ce mois de février 2025. Le Djiboutien Mahamoud Ali Youssouf, le Kényan Raila Odinga et le Malgache Richard Randriamandrato ont d’ores et déjà entamé leur campagne.

Le plus connu des trois candidats au poste de président de l’Union africaine : l’opposant et ancien Premier ministre kényan, Raila Odinga, âgé de 79 ans. Lors d’un débat télévisé avec ses deux autres concurrents, le 13 décembre dernier, Raila Odinga s’est engagé à collaborer avec les dirigeants africains pour obtenir deux sièges permanents pour le continent au Conseil de sécurité des Nations unies.

Il estime que la représentation de l’Afrique, assortie d’un droit de veto, n’a que trop tardé et qu’elle est essentielle pour assurer l’équité sur la scène internationale. « Il est inacceptable que ce continent de 1,4 milliard d’habitants soit exclu alors que l’Europe détient trois sièges permanents« , affirme Raila Odinga, en évoquant la France, le Royaume-Uni et la Russie, dont les trois-quarts du territoire sont en Asie.

Il s’est également engagé à donner la priorité à l’éducation, aux soins de santé, au développement des infrastructures et au commerce intra-africain. L’Afrique, dit-il, doit financer sa propre paix et cesser de dépendre des puissances étrangères.

Mahamoud Ali Youssouf, un engagé pour la sécurité

Mahamoud Ali Youssouf, 58 ans et ministre des Affaires étrangères de Djibouti depuis 2005, s’est engagé à renforcer la sécurité régionale et à favoriser l’unité au-delà des clivages linguistiques et culturels en Afrique.

Il estime que les Africains doivent prendre en charge le programme de paix et de sécurité en Afrique, car le soutien étranger a entravé les progrès durables. Le manque de volonté politique est un obstacle majeur à l’instauration d’une paix durable, selon lui « Notre Conseil de paix et de sécurité n’est pas proactif. Il réagit aux crises lorsqu’elles se produisent. Il faut que cela change », a-t-il déclaré.

« Les forces africaines en attente sont sous-utilisées et, faute de ressources, obligées de compter sur l’Union européenne et d’autres partenaires étrangers« , affirme le Djiboutien, dont le pays accueille pourtant de nombreuses bases militaires étrangères.

Quant à Richard Randriamandrato, il dit vouloir libérer le potentiel économique de l’Afrique. L’ancien ministre malgache des Affaires étrangères s’est engagé à prendre des mesures progressives en vue d’une libéralisation totale du commerce, afin de garantir une croissance économique inclusive.

Selon Richard Randriamandrato, le commerce intra-africain est faible (12,6 % seulement de l’ensemble des échanges sur le continent) et accuse un retard considérable par rapport à des régions comme l’Union européenne.

« Je suis économiste et financier. Tout d’abord, pour développer l’économie au niveau continental, nous devons développer le commerce par le biais de la libéralisation« , a déclaré M. Randriamandrato, lors du débat qui a réuni les trois candidats.

Richard Randriamandrato estime également qu’il est nécessaire de renforcer les blocs économiques régionaux et de réduire l’influence étrangère dans les affaires de sécurité de l’Afrique.

Pour être porté à la tête de la Commission de l’Union africaine, le candidat doit obtenir  une majorité des deux tiers des 55 Etats membres de l’organisation, un exploit qui nécessite souvent des alliances régionales et des négociations stratégiques.

La présidence est assurée à tour de rôle par les cinq régions africaines. Ce sera le tour de l’Afrique de l’Est. Il y a quatre candidats, tous des hommes. L’Afrique du Nord présentera des candidats pour le poste de vice-président.

Selon les statuts de l’Union africaine (2002), le président de la Commission de l’UA est le chef de l’exécutif de l’UA, son représentant légal et son comptable.

Les tâches du président sont complexes. Elles se concentrent essentiellement sur la coordination et l’harmonisation des politiques entre l’UA, les États membres et les huit communautés économiques régionales officiellement reconnues. Le mandat est de quatre ans, renouvelable une fois.

V.A.