Paris (© 2024 Afriquinfos)- L’activiste et président de l’organisation ‘Urgences panafricanistes’ Kémi Séba est «déclaré avoir perdu la nationalité française sur avis conforme du Conseil d’État», selon un décret en date du 8 juillet, mais paru ce mardi 9 juillet au journal officiel français. En février dernier, le ministère de l’Intérieur avait en effet lancé une procédure pour lui retirer cette nationalité.
Les autorités françaises accusent l’activiste franco-béninois d’œuvrer contre les intérêts de Paris en Afrique. Kémi Séba est notamment critiqué pour être proche de la Russie, de l’Iran ainsi que des régimes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Ces Etats forment depuis novembre 2023 la nouvelle AES (Alliance des États du Sahel). Il est souvent qualifié par ses détracteurs «d’agent de désinformation contre les intérêts français» sur le continent berceau de l’Humanité.
En France, il a été accusé en 2023 par le député Renaissance Thomas Gassilloud, alors président de la Commission de la Défense de l’Assemblée nationale, d’être un «relais de la propagande russe» et de servir «une puissance étrangère qui alimente le sentiment antifrançais».
‘’Plus de nationalité française. Gloire à Dieu. Libéré je suis de ce fardeau. J’ai quitté la France depuis bientôt 14 ans à cause de sa politique néocoloniale et de sa négrophobie systémique que je combats depuis l’Afrique frontalement; j’ai de plus brûlé le passeport français depuis plusieurs mois déjà. Me retirer la nationalité car je critique votre néocolonialisme est, chères autorités françaises, une reconnaissance (TRÈS PEU STRATÉGIQUE) de votre part, de l’efficacité de mon travail politique contre VOUS AUTRES, les tenants de cette Françafrique’’, s’est plutôt réjoui l’homme de 42 ans, en réponse à la décision de Paris.
Selon l’activiste qui se réclame du panafricanisme, ‘’la décision du conseil d’Etat vient très en retard, mais mieux vaut tard que jamais’’, souligne-t-il. En précisant: ‘’Ma lettre de demande d’abandon de nationalité trônait, comme nous l’avions annoncé au Conseil d’État, sur le bureau de mon avocat depuis plusieurs mois au cas où ce même Conseil désavouerait le ministère de l’Intérieur’’.
Et de conclure: ‘’Tout rentre dans l’ordre désormais. C’est maintenant que tout commence. Courage à vous, car vous venez de nous rajouter des tonnes de litres d’essence dans notre moteur politique’’. En amont de ce retrait, le polémiste avait brûlé son passeport français le 16 mars dernier, en réponse à une lettre datée du 29 février du ministère de l’Intérieur français lui reprochant un comportement et des propos qui «révèlent une posture constante résolument anti-française».
Connu pour son activisme contre le néocolonialisme, Kémi Séba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, qui critique la présence de la France en Afrique, est apprécié par une frange des diasporas africaines à travers le monde.
Vignikpo Akpéné