Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) et leurs alliés au Soudan ont signé à Nairobi « une charte fondatrice » d’un Gouvernement parallèle, selon plusieurs sources, malgré les mises en garde sur un risque de « fragmentation » de ce pays ravagé par la guerre depuis le 15 avril 2023.
Le conflit qui oppose les FSR à l’Armée régulière soudanaise depuis près de deux ans a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé plus de douze millions de personnes, et engendré un désastre humanitaire, le pire sur la planète selon l’ONU. La charte a été signée lors d’une réunion à huis clos dans la nuit de samedi à dimanche 23 février 2025 à Nairobi, sur fond de tensions diplomatiques avec le Kenya.
Les signataires du document, consulté par l’AFP, entendent créer un « Gouvernement de paix et d’unité » dans les zones du Soudan contrôlées par les rebelles. Ils s’engagent à « construire un Etat laïc, démocratique, décentralisé, basé sur la liberté, l’égalité et la justice, sans parti pris culturel, ethnique, religieux ou régional ». Ce « Gouvernement », affirment-ils encore, visera à mettre fin à la guerre, à assurer l’accès sans entrave de l’aide humanitaire et à créer une « nouvelle Armée nationale, unifiée, professionnelle », reflétant « la diversité et la pluralité » du Soudan.
En réaction, le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ali Youssef, a déclaré dimanche 23 février que son pays « n’acceptera(it) pas » la reconnaissance d’un « Gouvernement parallèle ». Lors d’une conférence de presse avec son homologue égyptien Badr Abdelatty au Caire, il a prévenu : « Nous n’accepterons pas qu’un autre pays reconnaisse ce qui est appelé un Gouvernement parallèle ». Les Forces civiles unifiées, une large coalition comptant des partis politiques, représentants de la Société civile et factions armées, ont confirmé à l’AFP la signature de cette charte.
Najm al-Din Drisa, porte-parole de cette coalition, a déclaré à l’AFP que ce Gouvernement parallèle pourrait être formé « d’ici un mois » au Soudan. Une faction du Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (SPLM-N) dirigée par Abdelaziz al-Hilu et qui contrôle des parties des Etats du Kordofan et du Nil-Bleu a également signé le texte. Mohamed Hamdan Daglo, chef des FSR, n’était pas présent mais son frère et n°2 des paramilitaires, Abdel Rahim Daglo, a signé le document.
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