Centrafrique : Bangui est toujours lacérée de tueries

Afriquinfos Editeur 38 Vues
4 Min de Lecture

Des cas de tueries, de pillages et de destruction des maisons ont été constatés dans ce fief de François Bozizé et les victimes sont en majorité de l'ethnie Gbaya, le clan de Bozizé.

« Ils ont pillé ma maison à nouveau. D'autre se chargent de détruire les murs et enlever les tôles », a témoigné un élément des Forces armées centrafricaines (FACA) qui habite le quartier Boy-Rabe dans le secteur appelé "Ndress 2". Il faisait partie de la garde présidentielle à l'époque de Bozizé.

Certains habitants qui ont fui vers la localité de Cité Jean XXIII, également dans le 4ème arrondissement, se sont retournés à Boy-Rabe pour visiter leurs domiciles. Ils ont témoigné avoir retrouvé des corps mutilés et sans vie.

« Un proche de l'ancien président Bozizé aurait été égorgé, en public pour "servir de leçon aux autres" selon les éléments de la Séléka », a expliqué à Xinhua un homme qui ne voulait pas donner son nom.

Pas de nouveau crépitement d'armes automatiques est entendu dans cette localité depuis des tirs entendus dans la nuit de lundi à mercredi. Mais les éléments de la Séléka y maintiennent toujours leur position.

Le pasteur Pascal Guerekoyame, président de l'association des églises évangéliques de Centrafrique, s'est insurgé contre les exactions que continuent de commettre les hommes en arme sur la population civile et demande aux autorités de prendre leur responsabilité.

« Le leader de cette ex-rébellion et président centrafricain de la transition rejette la responsabilité de cette opération », a- t-il déclaré jeudi matin à la presse centrafricaine.

Avec l'archevêque de Bangui, Monseigneur Dieudonné Nzapalaïnga, ces deux religieux sont les seules personnalités qui ont publiquement dénoncé les exactions de la Séléka sur la population civile.

Au moins une dizaine de personnes auraient trouvé la mort durant ces derniers jours de tensions dans le quartier de Boy-Rabe, a révélé mercredi soir à Xinhua un infirmier à l'Hôpital Communautaire à Bangui. Selon les témoins, d'autres morts ou blessés ont été transportés dans l'Hôpital de l'amitié, un autre des deux grands centres de santé de la capitale centrafricaine.

Jusqu'ici aucune déclaration n'a été faite par le gouvernement centrafricain.

« Le quartier Boy-Rabe regorge d'armes distribuées par l'ancien président François Bozizé. Par conséquent, il doit être désarmé », a déclaré le ministre de la Sécurité publique, M. Noureldine Adam, lors d'une rencontre lundi avec les chefs des quartiers.

Ce quartier est soupçonné d'être pro-Bozizé par les leaders de la Séléka, une alliance de rébellion qui ont renversé le régime de Bozizé le 24 mars dernier. Le leader de la Séléka, Michel Djotodia, a prêté serment le 18 août à la tête d'un gouvernement de transition de 18 mois.

« Avant son départ, Bozizé a préparé un génocide, en distribuant plus de 2.000 armes de guerre aux jeunes. La majorité de ces armes se trouve dans le quartier de Boy-Rabe », a déclaré M. Djotodia, lors d'une conférence de presse tenue le 27 juillet.

Au cours d'un point de presse au mois du juillet dernier, le représentant du secrétaire général de l'ONU en Centrafrique, M. Babacar Gaye a lancé un appel aux autorités du pays à prendre leurs responsabilités face à l'ampleur de la violence.