LE CAIRE (© 2019 AFP) – Après Joseph-Antoine Bell, Thomas Nkono, ou encore Jacques Songo’o, la prestigieuse dynastie des gardiens camerounais a un nouvel héritier: avec André Onana, révélation de la saison à ce poste en Europe, les Lions indomptables espèrent conserver leur titre à la CAN en Egypte.
Sa saison, aussi éprouvante qu’inoubliable, n’est toujours pas terminée. Depuis fin juillet 2018 et le 2e tour préliminaire de la Ligue des champions, Onana (23 ans) a disputé 55 matches avec l’Ajax Amsterdam. Il y a tout connu : une épopée européenne fantastique achevée en demi-finale, des matches entrés dans la légende contre le Real Madrid ou la Juventus Turin, et un doublé coupe-championnat.
« Notre objectif, c’est de ramener ce titre-là au Cameroun une fois de plus », a-t-il confié à l’AFP, dans un entretien réalisé avant l’entrée en lice de son équipe, mardi dernier contre la Guinée-Bissau. « C’est vrai que c’est compliqué, difficile, parce qu’on va jouer contre de très grandes équipes. Mais je pense qu’on va réussir », a-t-il espéré.
– « Quelque chose
d’inné » –
Au contraire de son cousin Fabrice Ondoa, artisan majeur du sacre continental en 2017, André Onana n’était pas de l’aventure au Gabon, préférant se concentrer sur son club. Chouchou des supporters, Ondoa, qui a perdu depuis sa place de titulaire dans les buts, avait même eu droit à une chanson célébrant ses exploits. Au tour d’Onana ?
« Fabrice et moi, c’est la famille ! Nous sommes différents… Je n’ai pas besoin d’une chanson, le plus important c’est le titre, à titre personnel et collectif », rappelle-t-il, tout en refusant le jeu des comparaisons entre les deux portiers.
« Si on le ramène au Cameroun, ce sera quelque chose de bien pour le pays. Car les victoires sportives font partie de la stabilité de notre pays », ajoute-t-il, alors que le Cameroun, pays-hôte initial de la CAN-2019, a été dépossédé de l’organisation de la compétition par la CAF au profit de l’Egypte en novembre dernier.
Outre les liens du sang, qu’est-ce qui explique une telle lignée de gardiens hors-norme chez les Lions indomptables ?
« C’est quelque chose d’innée dans ce pays non (rires) ? Plus sérieusement, c’est une bonne question ! », plaisante-t-il. « Quand tu regardes l’histoire du Cameroun, c’est incroyable quand même ! On a eu (Joseph-Antoine) Bell, (Thomas) Nkono… C’est grâce au travail abattu par ces gens-là ».
– La
philosophie Ajax au Cameroun ? –
Pour l’ancien élève de la Fondation Samuel Eto’o, passé par le centre de formation du FC Barcelone (2010-2014), la transmission du savoir-faire par les glorieux anciens a eu un rôle décisif pour l’éclosion de la nouvelle génération.
« J’ai eu la chance de travailler avec +Tommy+ Nkono (à l’Espanyol Barcelone, NDLR) avec qui j’ai appris pas mal de choses, Fabrice (Ondoa) aussi. On a fait des petits stages et tout. C’est normal d’évoluer, surtout quand tu joues au haut niveau et que tu connais les bonnes personnes », estime-t-il.
En sélection, Onana peut s’appuyer sur deux légendes de l’Ajax pour continuer sa progression : Clarence Seedorf et Patrick Kluivert, respectivement sélectionneur et entraîneur-adjoint depuis août 2018. Avec trois représentants « oranje » dans ses rangs, le Cameroun pourra-t-il triompher en adoptant la célèbre philosophie ajacide ?
« C’est difficile ! C’est clair qu’on veut contrôler le jeu, après le foot africain a ses réalités. C’est compliqué de rester fidèle à cette philosophie parce que l’état des terrains n’est pas trop favorable à ce système-là », déplore André Onana.
« Mais on ira en Egypte avec notre propre façon de jouer, notre mentalité de +winner+ », ajoute-il. Une recette qui a déjà porté ses fruits à cinq reprises (1984, 1988, 2000, 2002, 2017) dans l’histoire de la plus prestigieuse des compétitions africaines.