Burundi : Lancement d’un projet sur la promotion des droits de santé sexuelle et reproductive

Afriquinfos Editeur
5 Min de Lecture

Le projet, qui bénéficie d'un financement néerlandais de 29 millions d'euros, dont 40% est réservé au Burundi, a pour but d' avoir une meilleure santé sexuelle et reproductive au Burundi, au Rwanda et au Sud-Kivu en République Démocratique du Congo (RDC).

La ministre Ntakarutimana a indiqué dans son mot de circonstance que ce programme triennal allant de 2013 à 2015 et qui sera concentré dans six provinces (Cankuzo, Karuzi, Ruyigi, Rutana et Makamba),  est une réponse à plusieurs problèmes en matière de santé sexuelle et reproductive.

Se référant aux données d'une Enquête Démographique et de Santé réalisée en 2010 (EDS, 2010), la ministre Ntakarutimana a signalé que les besoins non satisfaits en planification familiale sont très élevés, car ils sont actuellement de l'ordre de 31%, alors que la prévalence contraceptive aux méthodes modernes ne dépassait guère 18% à  la même époque.

En effet, a ajouté Dr Ntakarutimana, au moment de l'enquête, 11% des filles âgées de 15 à 19 ans étaient enceintes ou avaient déjà accouché.

D'après la ministre Ntakarutimana, ces chiffres cachent des disparités énormes selon que l'on est en milieu urbain ou rural, en fonction du statut socioéconomique, selon les régions ou suivant le niveau d'instruction.

En effet, l'indice synthétique de fécondité, qui est de 6,4 pour l'ensemble du pays, est de 4,8 en milieu urbain contre 6,6 en milieu rural.

En revanche, la fécondité des adolescentes est de 6% seulement chez les filles dont le niveau d'instruction a atteint l' enseignement secondaire et supérieur contre 23% chez les filles non instruites.

Pour Dr Juma Ndereye, directeur de la Santé Sexuelle et Reproductive au ministère burundais de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida, le Burundi croise plusieurs épines sur le parcours de la santé sexuelle et reproductive des adolescents.

Il a cité d'abord les grossesses précoces non désirées en précisant qu'en 2012,  le rapport du ministère burundais de l' Enseignement de Base et Secondaire fait état de 1287 cas à l'école secondaire et 707 cas à l'école primaire.

Par ailleurs, a-t-il fait remarquer, à la question de savoir s' ils ont déjà pratiqué des rapports sexuels, des écolières et des écoliers reconnaissent avoir connu une liaison sexuelle deux ou trois fois au cours de leur parcours scolaire.

"Cela signifie que les jeunes burundais sont sexuellement actifs, raison pour laquelle il faut briser le mur du silence en évitant dorénavant de  faire de la question sexuelle un sujet tabou", a-t-il plaidé.

Le médecin Ndereye a fait remarquer aussi que par rapport à ces problèmes de santé sexuelle et reproductive des jeunes au Burundi, que 65% des cas de violence sexuelle concerne les jeunes de moins de 18 ans.

Cette santé, a-t-il affirmé, est affectée négativement par la consommation des stupéfiants et par la problématique de la prostitution chez les jeunes notamment suite aux conditions de promiscuité  dans lesquelles ils vivent. Pour la ministre Ntakarutimana, l'accès aux services de planification familiale et de prévention de grossesses non désirées, est entravée notamment par des barrières socioculturelles.

Parmi les réponses à cette problématique, Dr Ndereye a suggéré la création d'une atmosphère conviviale dans les centres de santé pour que ceux-ci puissent offrir à ceux-ci des services dont ils ont besoin, particulièrement en matière d'information et de communication.

"On ne peut pas se limiter à une action qui va seulement envisager le seul secteur de la santé, ce ne sera pas efficace. Il faut aller au-delà, briser les barrières et impliquer les autres secteurs qui peuvent donner leurs contributions", a-t-il martelé en citant notamment les églises qui peuvent développer des programmes cohérents à l'endroit des jeunes sur l'éducation à une sexualité responsable.