Le Conseil militaire au pouvoir en Egypte accepte la démission du gouvernement et promet une présidentielle pour mi-2012 (Synthèse)

Afriquinfos Editeur
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Dans un discours télévisé adressé à la nation, M. Tantawi a annoncé que les élections présidentielles auraient lieu d'ici à fin juin 2012, et que le régime militaire transmettrait le pouvoir à un gouvernement civil avant le 1er juillet 2012.

"L'armée n'a pas l'intention de garder le pouvoir", a déclaré M. Tantawi, ajoutant qu'elle était "prête à quitter immédiatement le pouvoir,si c'est ce que le peuple décide au cours d'un référendum".

Le gouvernement de Sharaf a décidé de démissionner en bloc dimanche, après des affrontements entre les manifestants et la police anti-émeute qui ont fait plusieurs morts et des centaines de blessés.

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M. Tantawi a également précisé que les élections législatives du 28 novembre auraient lieu comme prévu, et que l'armée ne s'ingérerait pas dans le scrutin.

L'armée "ne se soucie pas de qui remportera les élections", car "c'est au peuple d'élire un dirigeant", a-t-il affirmé.

Il a nié la responsabilité de l'armée dans les morts survenues au cours de la dernière vague de violence qui a frappé le Caire et d'autres villes ces derniers jours.

L'armée égyptienne "n'a jamais tué un seul Egyptien, homme ou femme", a soutenu M. Tantazi, chef du Conseil suprême des Forces armées, qui a pris le pouvoir en février après la démission du président Hosni Moubarak, dans un contexte de protestations en masse.

On ne sait pas encore clairement si l'allocution de Tantawi va effectivement pouvoir désamorcer la crise en cours en Egypte, secouée depuis 5 jours par des manifestations massives.

Certains manifestants ont déclaré qu'ils continueraient à occuper la place jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement soit formé. Ils ont également demandé qu'un comité civil prenne les rênes du pouvoir durant la période de transition.

Alors que M. Tantawi prononcait son discours, des dizaines de milliers de manifestants étaient réunis sur la place Tahrir au centre du Caire, demandant son départ. Ces manifestants se sont dits en colère face à la lenteur des réformes. D'autres ont cependant soutenu la décision de l'armée.

Le discours du maréchal laisse plusieurs questions en suspens, tel que le rétablissement des principes constitutionnels, qui est devenu une des principales revendications des manifestants. Il soulève en outre de nouvelles questions, comme la possibilité d'un référendum sur le maintien de l'armée au pouvoir ou son départ.

Lundi, le conseil militaire a publié un décret bannissant de la vie politique tous ceux qui ont par le passé contribué à la corruption du régime en Egypte. Cette interdiction avait déjà été exigée par plusieurs mouvements politiques, dans le but d'empêcher les restes de l'ancien régime de revenir au pouvoir.

Mais ce décret est considéré comme tardif, dans la mesure où plusieurs anciens membres du Parti national démocrate (PND) dissout ont déjà soumis leur candidature aux nouvelles élections par différents moyens. Des experts juridiques ont indiqué que les candidatures des anciens membres du PND ne pouvaient être disqualifiées que sur ordre de la Cour suprême.

En conséquence, la participation éventuelle des membres de l'ancien régime aux nouvelles élections reste pour l'instant un motif éventuel de discorde entre les nouvelles formations politiques.

Depuis vendredi dernier, au moins 28 personnes ont été tuées et quelque 2 000 autres blessées lors des affrontements entre les manifestants et la police anti-émeute à travers l'Egypte.

La démission du gouvernement de Sharaf répond à l'une des demandes des manifestants, qui appellent également à fixer une date pour que le transfert du pouvoir du conseil militaire à une autorité civile, et à organiser des élections présidentielles avant la mi-2012.

Selon certaines sources, le conseil militaire aurait approché Mohammed el-Baradei, ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique, pour tenter de combler la vacance du poste de Premier ministre par intérim.