Affrontements entre manifestants et forces de sécurité au Caire, 19 morts et 183 blessés

Afriquinfos Editeur
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Des milliers de Coptes ont bloqué l'avenue principale située devant le siège de la télévision d'Etat pour réclamer la démission du gouverneur d'Aswan Moustafa el-Sayed.

Les manifestants ont lancé des pierres et des bouteilles sur les policiers et les soldats, mettant certaines voitures en feu. Après les affrontements, un couvre-feu a été imposé dans le centre-ville du Caire de 02h00 (00h00 GMT) à 07h00 heures locales (05h00 GMT), a rapporté la télévision d'Etat.

Selon la télévision, trois soldats ont été tués par les manifestants et plus de 30 autres ont été blessés dans les affrontements, et les forces de sécurité ont été contraintes de disperser les manifestants.

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Selon des fonctionnaires chargés de la santé, les causes principales des blessures sont dues à des coups de feu et des brûlures. Il s'agit de l'un des affrontements les plus violents éclatés en Egypte après les manifestations d'envergure de fin janvier ayant conduit à la chute de l'ancien président Hosni Moubarak.

"Je suis arrivé sur les lieux vers 18h30. J'ai vu de nombreuses personnes rassemblées ici pour se confronter aux soldats et aux policiers. Ils se sont servis de gaz lacrymogène pour disperser la foule, qui lançait des pierres et des cocktails Molotov sur eux", a déclaré à Xinhua un manifestant.

Des soldats blessés ont affirmé de leur côté que les manifestants les avaient attaqués avec  armes et qu'ils n'avaient ni utilisé d'ammunition réelle ni reçu aucun ordre de tirer sur la foule.

Dans une déclaration publiée sur son profil Facebook, le Premier ministre égyptien Essam Charaf a condamné les violences et a appellé les Egyptiens à rester unis contre toute tentative de plonger le pays dans le chaos.

"Les affrontements auxquels on assiste actuellement ne sont pas entre Musulmans et Chrétiens, ce sont plutôt des tentatives pour provoquer le chaos dans le pays et pour provoquer des affrontements sectaires", a indiqué M. Charaf.

Il doit convoquer une réunion d'urgence lundi pour discuter de l'actuelle situation.

Des groupes politiques, dont les Frères musulmans, ont condamné ces violences.

Des attaques contre une église dans un village à Aswan seraient à l'origine de ces affrontements.

Le gouverneur provincial d'Aswan, Mousatafa el-Sayed avait récemment indiqué que le nombre de Coptes présents dans le village de Marinap n'était pas assez important pour justifier la construction d'une église, déclaration qui a mis en colère les Coptes.

Les Coptes présents dans le village en question ont transformé un ancien bâtiment en église sans permission officielle, ce qui a mis en colère les habitants musulmans du village qui, en retour, ont tenté de détruire l'église. L'incident a provoqué de nouvelles tensions entre les deux communautés religieuses.

Un groupe de musulmans a commencé à détruire l'église après la prière du vendredi 30 septembre. Les manifestants ont réclamé l'arrestation des criminels qui tentaient de détruire l'église.

Les Coptes représentent environ un dixième de la population égyptienne, et les tensions sporadiques entre Coptes chrétiens et musulmans concernant la construction d'églises et d'autres questions ont eu lieu dans ce pays à majorité musulmane.

Les incidents sont survenus à l'approche des élections législatives égyptiennes prévues pour le 28 novembre prochain.

Selon Akrm Houssam, chercheur au Centre national égyptien pour les études du Moyen-Orient, des forces étrangères veulent d'un côté voir l'Egypte plonger dans le chaos, mais aussi des problèmes internes que le gouvernement n'a pas réussi à résoudre ont contribué à ces violences.

"Je pense que toutes les parties concernées, dont les musulmans, les Coptes, le gouvernement et le Conseil militaire, ont conscience du danger de la détérioration de la situation. L'armée se doit d'avoir la situation sous contrôle et doit assurer la bonne tenue des élections", a-t-il terminé dans une interview accordée à Xinhua.