COTONOU (© 2025 Afriquinfos)- Dans la sous-région ouest-africaine, l’Agriculture est généralement le parent pauvre du budget des Etats. Au Bénin, ces dernières années, le Gouvernement a accru l’investissement dans ce secteur qui pèse 24% (Instad 2024) dans le PIB (Produit intérieur brut) du pays. Nonobstant les améliorations émergentes, une problématique demeure: l’accès au financement agricole. La plateforme ‘Agro Meet-Up’ a donné la parole aux acteurs majeurs de la chaine de financement, mercredi 30 avril 2025 à Cotonou pour expliquer ce qu’il en est.
«Comment financer son projet agricole»? C’est à cette question que la deuxième édition ‘d’Agro Meet-Up’ a essayé de répondre. Les participants (producteurs, experts, étudiants comme porteurs de projets agricoles) se sont délectés de l’état des lieux de la finance agricole au Bénin. Ils ont été informés des opportunités et sources de financement publiques et privées qui existent au plan national et local pour les petits ou grands exploitants agricoles.

L’initiative du talk ‘Agro Meet-Up’ constitue en effet un espace privilégié de discussions et d’échanges entre les acteurs agricoles. L’édition 2025 est la suite logique de la première qui avait porté sur la «Planification d’un projet agricole». Au menu de la cuvée 2025, deux panels dont celui introductif dédié au cabinet «Sud Capital» spécialisé en conseil à la recherche de financement. Il a souligné les évolutions du secteur agricole au Bénin ainsi que les défis et risques qu’il présente.
Pour prétendre à un financement, ont recommandé les intervenants, une jeune entreprise agricole «doit suivre un parcours et faire d’abord ses preuves». Il n’est pas conseillé à un débutant de contracter un prêt au risque de déroger aux obligations face à son incapacité à rembourser à échéance. De ce fait, les porteurs de projets sont invités à bien structurer leur entreprise et à élaborer un business-plan clair et précis incluant le marché cible d’écoulement de leurs produits.
Sonner aux bonnes portes
En dehors de «Sud Capital», trois autres structures sont intervenues durant le second panel. Il s’agit de la CDCB (Caisse des dépôts et consignations du Bénin), l’ADPME (Agence de développement des petites et moyennes entreprises) et le FNDA (Fonds national de développement agricole). Chacun des représentants de ces organismes d’Etat a décliné les opportunités qu’offrent ces structures.
Par exemple, le FNDA est la structure publique par excellence qui accompagne les producteurs dans le processus d’accès au financement agricole. Il se porte garant à 50% auprès du système financier décentralisé partenaire sollicité par le promoteur agricole pour contracter un prêt. A en croire Aimé Kpoglé (chargé des opérations dans le Pôle de développement agricole 3 au FNDA), les trois différents Guichets mis en place par le Fonds sont ouverts aux acteurs selon leurs besoins. Et il n’y a qu’à demander le financement spontanément, a-t-il assuré.
A la CDCB, le financement minimum qu’il est possible de demander est «d’un milliard de fcfa». Morest Agossadou, ingénieur agroéconomiste a précisé à ce propos que les grandes entreprises peuvent recourir à cette structure. Il cite par exemple des entreprises de transformation des matières premières agricoles installées au cœur de la Zone industrielle de Glo-Djigbé. Et qui ont bénéficié de leur financement. Des projets moins coûteux peuvent être orientés vers l’ADPME, conseille-t-il vivement.
Selon Ida Covo (conseillère d’entreprise à la direction d’accompagnement technique et du soutien aux PME à l’ADPME), même les entrepreneurs analphabètes ont leur chance de décrocher un financement. Le mécanisme mis en place favorise, précise-t-elle, l’inclusion des promoteurs d’entreprise, locuteurs des langues nationales. A côté, «Sud Capital» se dit disponible à conseiller les demandeurs de financement dans le processus d’accès au crédit.
‘Agro Meet-Up’ se veut à long terme une plateforme internationale où les acteurs agricoles du Bénin, d’Afrique et du monde pourront partager leurs expériences et idées en vue du développement du secteur primaire sur le continent. En octobre 2024, lors de la première édition, la Sénégalaise Claudia Senghor alias Agrobabe était l’invitée d’honneur. Agroéconomiste et Consultante spécialisée dans l’élaboration de projets agricoles, elle avait laissé, en souvenir aux participants de la première édition de cette rencontre, son guide de planification d’un projet agricole.
Emmanuel M. LOCONON