Le Soudan du Sud a instauré vendredi 17 janvier 2025 un couvre-feu nocturne, au lendemain de la mort de plusieurs personnes à l’issue d’une manifestation ayant dégénéré en pillages de commerces appartenant à des Soudanais, pillages qui se sont propagés à d’autres villes du jeune pays frappé par une instabilité chronique.
La Police a tiré des coups de feu jeudi soir pour disperser un rassemblement organisé dans la capitale Juba pour protester contre des informations faisant état du meurtre récent de 29 citoyens sud-soudanais à Wad Madani, dans l’Etat d’Al-Jazira au Soudan voisin en proie à la guerre, rassemblement qui avait dégénéré en pillages de commerces appartenant à des Soudanais.
‘L’incident a entraîné des tirs’ qui ont fait ‘trois morts et sept blessés’, a déclaré dans un communiqué le Porte-parole de la Police, le colonel John Kassara. La Mission des Nations Unies dans le pays (Minuss) a appelé ‘au rétablissement immédiat du calme après une flambée de violences qui a fait un nombre non vérifié de victimes‘. Vendredi, une manifestation anti-soudanaise a à nouveau eu lieu dans la capitale, composée surtout de jeunes défavorisés, a constaté un journaliste de l’AFP. Pour éviter de nouveaux incidents, l’inspecteur général de la Police Abraham Manyuat a ordonné, s’exprimant à la Télévision publique, la South Sudan Broadcasting Corporation, ‘un couvre-feu à partir de 18H00’ (17H00 GMT).
La situation restait tendue vers 18H00, et l’Armée a annoncé le déploiement de forces supplémentaires dans les zones touchées par les émeutes jeudi soir. Des rassemblements similaires ont aussi été organisés vendredi dans les villes de Bor, Aweil et Wau, entre autres, où des pillages ont également eu lieu. Des incendies ont été déclarés dans trois maisons appartenant à des ressortissants soudanais d’un quartier résidentiel après un incident similaire à Aweil jeudi, ont précisé les Forces de l’ordre, qui assurent en outre avoir ‘réussi à sauver 45 commerçants soudanais à Juba‘.
Lors d’un briefing à la presse depuis le quartier général de l’Armée à Bilpam, un Porte-parole militaire a indiqué que plus de 600 ressortissants soudanais avaient été amenés sur les lieux afin de les protéger de la foule en colère. Ils étaient des centaines assis à même le sol, a observé un journaliste de l’AFP. Le Président Salva Kiir a également ‘appelé à la retenue’, rappelant ‘le devoir d’offrir protection et soutien aux réfugiés soudanais qui ont fui la guerre’. Il a aussi indiqué dans un communiqué avoir demandé au Soudan une enquête, et sommé les Forces de sécurité sud-soudanaises de ‘veiller à ce que personne ne se fasse justice lui-même’. ‘J’ordonne en outre à toutes les Forces organisées qui ne sont pas en service de se présenter à leurs unités et à leurs casernes pour obtenir de nouvelles directives’, a-t-il ajouté.
© Afriquinfos & Agence France-Presse