Le président élu du Kenya William Ruto a promis mercredi, deux jours après avoir été déclaré vainqueur de l’élection du 9 août, que son futur gouvernement s’empresserait de répondre « aux énormes attentes » des Kényans et rendrait des comptes.
« Nous allons d’ici peu prendre des mesures pour diriger un gouvernement transparent, démocratique, et qui « rend des comptes », s’est engagé William Ruto, élu au terme d’un des scrutins les plus serrés depuis l’indépendance en 1963. Il s’exprimait à Nairobi à l’issue d’une réunion avec les membres de sa coalition, Kenya Kwanza. Pour l’instant, seuls les comités parlementaires peuvent demander aux ministres de s’expliquer, via un processus que certains jugent opaque.
« Les attentes des Kényans sont énormes et par conséquent nous n’avons pas le luxe de perdre du temps », a-t-il poursuivi, deux jours après sa victoire annoncée à 50,49% des voix contre 48,85% pour Raila Odinga, figure de l’opposition soutenue par le président sortant, et qui a rejeté mardi ces résultats. Selon M. Ruto, les Kényans ont envoyé « un message très clair aux dirigeants: ils veulent que nous fassions avancer le pays », touché par une flambée des prix des denrées alimentaires et de l’essence liée à la pandémie et amplifiée par la guerre en Ukraine.
William Ruto a par ailleurs promis mercredi de veiller à ce que les fonctionnaires servent « tous les Kényans de manière égale », indépendamment de leur « tribu » ou de leurs « affiliations politiques ».
« Nous nous assurerons qu’aucune partie du Kenya ne sera laissée pour compte, (…) qu’aucune communauté du Kenya ne sera laissée de côté. Nous allons avancer ensemble, en tant que nation parce que les Kényans sont déjà en train de nous dire que nous avons besoin de changement », a-t-il poursuivi.
Au Kenya, qui compte officiellement 46 ethnies et où l’appartenance communautaire est traditionnellement importante sur l’échiquier politique, « il n’y aura pas de place pour l’exclusion », a-t-il insisté. Dans ce pays, qui fait figure d’îlot de stabilité démocratique dans la région est-africaine, les résultats des élections ont tous été contestés depuis 2002, en justice ou dans la rue.
En 2017, des dizaines de personnes sont mortes, lors de manifestations réprimées par la police. Dix ans plus tôt, le contentieux post-électoral avait provoqué des affrontements interethniques et la mort de plus de 1.100 personnes. Raila Odinga, cinq fois candidats malheureux à la présidentielle, a déjà contesté les résultats en justice en 2013 et 2017. Mardi, il a indiqué qu’il poursuivrait « toutes les options légales » disponibles.
Comme le camp Odinga, le camp Ruto affirme avoir remporté la majorité des sièges au Parlement. Les résultats donnent pour l’instant les deux coalitions au coude à coude mais le vote a notamment été repoussé dans quatre circonscriptions.