Bamako (© 2024 Afriquinfos)- Le capitaine de Aigles du Mali, Hamari Traoré, a été suspendu à titre conservatoire par la Commission de discipline de la Fédération malienne de football (Femafoot). Convoqué via un courrier en date du 24 juin et auquel il devait répondre sous 48 heures, l’international malien n’a pas pu y répondre. Le Capitaine des Aigles devait s’expliquer sur des publications sur les réseaux sociaux dans lesquelles il a vertement critiqué la gestion de la Femafoot. Et donc, du football au Mali.
La FEMAFOOT, en annonçant la suspension provisoire d’Hamari Traoré de la sélection nationale, reproche au joueur un « manquement à l’honneur et à la dignité, incitation et fronde contre l’équipe nationale et le football malien». Concrètement, « il lui est imputé d’être à la tête d’une fronde des joueurs de l’équipe nationale. Il nous revient avec insistance que vous faites des publications sur les réseaux sociaux par rapport à la vie interne de l’équipe nationale du Mali malgré notre communiqué de mise en garde. Nous vous invitons à vous présenter devant le Comité exécutif sous les 48 heures», a indiqué l’instance de football malien dans sa lettre de convocation.
Une convocation à laquelle le latéral droit de la Real Sociedad n’a pas pu répondre. Il s’en est pourtant expliqué à la Femafoot, mais cela n’a pas empêché sa suspension. Dans un mail dont le contenu a fuité dans la presse locale, Hamani Traoré a fait savoir que ‘’si je n’ai évidemment, sur le principe, aucune objection à me présenter devant le Comité Exécutif pour répondre à toutes questions, en revanche, vous ne me tiendrez pas rigueur de ne pouvoir répondre à une telle convocation ‘’sous 48 heures’’, ce, compte tenu de mes obligations personnelles et professionnelles”.
Dans la même missive adressée à Sidi Bekaye Magassa, le Secrétaire Général de la Femafoot, le Capitaine des Aigles a fait savoir que “c’est avec surprise que j’ai pris connaissance des termes de votre correspondance du 24 juin 2024, intitulée ‘Demande d’explication’. En effet, vous y indiquiez: ‘[…] Vous faites des publications sur les réseaux sociaux par rapport à la vie interne de l’Equipe Nationale du Mali’’.
Et de poursuivre avec une menace à peine voilée: «Or, il ne vous aura pas échappé que ce ne sont pas moins de 44 joueurs internationaux maliens qui ont publié sur leurs réseaux sociaux respectifs le communiqué auquel vous faites ici référence, ledit communiqué ayant été rédigé à l’issue d’une réflexion commune et validé par tous les joueurs concernés», a laissé entendre Hamani Traoré.
La fronde grondait depuis quelques mois au sein de l’équipe nationale malienne. Durant la trêve internationale du mois de juin 2024, le latéral droit de la Real Sociedad et plusieurs de ses coéquipiers avaient fait part de leur intention de « ne pas honorer la sélection, et ne pas participer aux prochains matchs de qualification». Ce faisant, ils dénonçaient la mauvaise gestion du football malien par ses dirigeants. Les griefs des joueurs sont nombreux: la révision des textes régissant l’organisation sportive reléguée aux calendes grecques, ou encore le manque de transparence dans la gestion des fonds alloués à la Femafoot. Malgré le soutien financier de sponsors tels que des opérateurs de téléphonie mobile, ainsi que des aides extérieures de la FIFA et de la CAF, les dépenses des équipes nationales restent majoritairement à la charge de l’État via le ministère de la Jeunesse et des Sports.
« Où vont donc ces fonds? À quoi sont-ils destinés« , se questionnent les Aigles du Mali. La sanction prise par la FEMAFOOT à l’encontre d’Hamani Traoré, ne risque-t-elle pas d’envenimer la situation et de conduire à un refus des joueurs de répondre à leurs prochaines convocations? Cette crise ne risque-t-elle pas aussi de réduire l’attrait des techniciens pour la sélection malienne, après le limogeage d’Eric Chelle quelques semaines plus tôt?
S. B.