Numérique comme vecteur de progrès humain, surtout en Afrique à l’horizon 2050

Afriquinfos Editeur
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Vue sur le Nil au Caire, le 23 octobre 2019.

Le Caire (© 2022 Afriquinfos) – Bien que la transformation numérique ne soit pas un sujet nouveau pour l’Afrique, la crise de la Covid-19 l’a mise au premier plan des priorités du continent. Dans un objectif de relance économique, l’inclusion numérique pourrait favoriser le développement socio-économique du continent, quand un accroissement de 10% du taux de pénétration du haut débit pourrait, quant à lui, entraîner une augmentation de 2,5% du PIB par habitant (selon un rapport 2020 de l’UIT). Or, sur les 25 pays les moins connectés dans le monde, 21 se trouvent en Afrique même si, paradoxalement, le rythme de développement d’Internet est le plus rapide en Afrique subsaharienne.

 

En effet, la pénétration d’Internet dans cette région a été multipliée par dix depuis le début des années 2000, contre une multiplication par trois dans le reste du monde. De plus, il est à noter que l’Afrique subsaharienne recense en moyenne un nouvel utilisateur d’Internet par seconde, le recours au téléphone mobile étant beaucoup plus démocratisé et accessible que l’utilisation d’un réseau filaire haut débit. Cependant, même si la connectivité numérique augmente à une vitesse significative dans cette région, de grandes disparités subsistent toujours entre les pays.

Selon le site web d’information «World Stats», les trois pays les plus connectés sur le continent sont le Kenya, avec un taux de pénétration estimé à 83% sur une population de 52,57 millions d’habitants ou encore la Tanzanie, dont 71,6% de la population est connectée sur les 58 millions d’habitants que compte le pays. A contrario, les Madagascar (10%) et le Congo (9%) sont les États les moins connectés. L’accessibilité financière constitue le principal obstacle de la démocratisation d’Internet en raison du coût global élevé par rapport au revenu de la population. De plus, la connexion reste de mauvaise qualité avec une vitesse de téléchargement moyenne de 7,4 Mbps, ce qui est trois fois plus lent que dans le reste du monde.

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C’est pourquoi, certains pays africains tels que l’Égypte ou le Sénégal ont fait de l’adoption numérique une priorité inscrite dans leurs Agendas nationaux respectifs. En effet, conformément à la Vision égyptienne 2030, le ministère des Communications et des Technologies de l’information (MCIT) s’est lancé dans la construction d’une l’Égypte numérique à travers 3 piliers: construction d’infrastructures numériques, instauration d’un cadre législatif/réglementaire et investissements dans la formation aux TIC.

Le PSE s’appuie sur une consolidation des moteurs traditionnels de la croissance, tels que le secteur des Télécommunications qui constitue la locomotive de l’économie numérique.

Ces cadres nationaux soulignent la place prépondérante qu’accordent les gouvernements aux nouvelles technologies numériques, leur utilisation engendrant des impacts positifs sur le développement socio-économique de l’Afrique. Les TIC sont ainsi en mesure de favoriser l’inclusion des personnes isolées, fragilisées ou vulnérables, en particulier les femmes. Dans cette optique, Huawei a développé le programme «Tech4All» en collaboration avec des gouvernements africains. Celui-ci a notamment permis à des jeunes filles et à des femmes d’avoir accès à des formations dans les TIC, celles-ci permettant ainsi de stimuler l’entrepreneuriat.

En facilitant l’accès à l’information, aux transactions commerciales et financières ainsi qu’à l’acquisition de compétences, la technologie numérique porte en elle le potentiel de révolutionner l’entrepreneuriat féminin. Sur le continent africain, la Tunisie est un bel exemple de l’inclusion des femmes dans le tissu entrepreneurial national, puisque 25% des start-ups y sont le fruit d’initiatives féminines. Selon une étude de la GSMA, l’accès des femmes aux TIC a le potentiel de générer de la richesse pour la société, qui se traduirait par une hausse du revenu par habitant de 20% d’ici 2030. En effet, avec une contribution de 250 à 300 milliards de dollars, soit entre 12% et 14% du PIB total du continent africain, les femmes entrepreneures jouent un rôle essentiel en termes de prospérité économique.

Numérique, accélérateur des ODD

De plus, dans l’objectif de bâtir un avenir durable, inclusif et prospère sur et pour le continent africain, les technologies numériques ont un rôle essentiel à jouer en ce qu’elles peuvent réduire la consommation d’énergie et les émissions de carbone. Avec une population grandissante qui devrait doubler d’ici à 2050, passant ainsi d’un milliard d’habitants en 2019 à près de 2,4 milliards dans 30 ans, les pays africains sont confrontés à un grand nombre de défis, à commencer par la nécessité d’accélérer leur industrialisation tout en s’inscrivant dans la réalisation des ODD (Objectifs de développement durable) des Nations Unies. Le numérique apparaît alors comme un levier de croissance économique tout en luttant contre les changements climatiques.

En effet, selon la Global Enabling Initiative (GeSI), les TIC peuvent permettre une réduction de 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et ainsi contrer la voracité du secteur des infrastructures en termes de consommation d’énergie, celui-ci étant à l’origine de 79% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, selon un rapport publié en amont de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP26) de 2021.

Face à ce constat, l’Égypte, le Sénégal ou encore l’Éthiopie ont pris le parti d’investir considérablement dans la construction de smart cities, villes nouvelles et intelligentes qui s’appuient sur le développement des réseaux, du Big Data et de l’Internet des Objets (IoT). Ces villes permettent de concilier urbanisation, révolution numérique et durabilité. Dans un contexte où les questions écologiques sont au cœur des agendas nationaux et internationaux, les entreprises doivent elles aussi prendre le tournant de la transition écologique. Dans cet objectif, Huawei a présenté sa stratégie «More Bits, Less Watts» lors du MWC 2022, à travers son engagement à rendre ses produits 2,7 fois plus efficaces sur le plan énergétique grâce à l’utilisation du numérique.

Ainsi, le numérique laisse entrevoir de belles perspectives et opportunités qu’il importe de mobiliser pour conduire vers un avenir vert, inclusif et florissant. Cependant, l’investissement dans le développement des infrastructures numériques nécessite la mise en place d’un cadre législatif clair et adapté, à même de favoriser un environnement propice à une numérisation rapide. Pour y parvenir, le secteur privé et public doivent agir de concert en liant des partenariats solides et harmonisés pour favoriser le développement socio-économique du continent.

G. G. K. E.